La vie au Québec au déclenchement
de la guerre

Lors du déclenchement de la guerre en 1914, personne ne s’attendait à ce que le conflit prenne de telles proportions. Dans les années précédant la Grande Guerre, les puissances européennes avaient forgé de solides alliances les unes avec les autres dans le but de maintenir l’équilibre des pouvoirs sur le continent. À cause de ces alliances, lorsque l’Empire austro-hongrois déclare la guerre à la Serbie, beaucoup de pays se trouvent entraînés dans le conflit. L’alliance de la Russie avec la Serbie l’entraîne contre l’Autriche-Hongrie. L’Allemagne et l’Autriche-Hongrie, pour leur part, ont des liens étroits et font front commun. À la manière d’un jeu de dominos, presque tous les pays européens se retrouvent rapidement impliqués dans la guerre.

Il ne faut pas oublier que beaucoup de pays européens étaient des puissances coloniales majeures. Leur implication dans le conflit signifiait aussi que leurs colonies étaient également en guerre. Pour cette raison, la Grande Guerre a rassemblé des gens provenant de tous les continents afin de combattre principalement en Europe mais aussi en Afrique. Non seulement la Grande Guerre était-elle un conflit mondial sur le plan géographique, sa durée et son ampleur l’ont rapidement conduite à devenir un conflit total, englobant toutes les sphères de la société. Toute l’économie s’est modifiée pour participer à l’effort de guerre. Tout le monde s’est vu impliqué d’une façon ou d’une autre dans le conflit, des enfants à qui on dit de convaincre leur père de s’enrôler aux femmes qui entrent massivement sur le marché du travail en passant par des groupes minoritaires qui s’engagent dans l’armée dans l’espoir d’obtenir un traitement plus juste après la guerre.

Une question de chiffres

Les puissances européennes octroyaient des ressources considérables pour maintenir une armée, même en temps de paix. Tous devaient être sûrs d’être prêts aussi vite que possible s’ils se retrouvaient attaqués. Toutefois, l’ampleur de la préparation variait grandement d’un pays à l’autre.

Par exemple, l’Empire russe comptait le plus grand nombre de soldats en 1914. Toutefois, quand on compare le nombre de soldats à la population totale du pays, on réalise que seulement 0,4% de la population était déjà entraînée pour participer à la guerre. L’Empire russe avait le plus faible taux d’enrôlement de tous les pays listés plus haut. À l’inverse, le pays avec la plus grande proportion de sa population déjà dans l’armée en 1914 était la France, avec 11% de ses citoyens déjà soldats en 1914!

Les origines de la Première Guerre mondiale

Plusieurs empires européens perdent leurs colonies des Amériques au cours des 18e et 19e siècles, mais le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Asie étaient toujours des territoires convoités. Des décennies de rivalités impériales, de concurrence économique, de nationalisme et d’instabilité suivant la chute de l’Empire ottoman, dans l’est, ont mené à la fragilité sur laquelle repose l’Europe au tournant du 20e siècle.

L’archiduc Franz Ferdinand, destiné à être le prochain empereur d’Autriche-Hongrie, est assassiné le 28 juin 1914 à Sarajevo, en Bosnie, par un nationaliste serbe (membre d’un groupe extrémiste qui voulait que les Serbes détiennent le pouvoir dans les Balkans pour détruire l’Autriche-Hongrie). L’Autriche-Hongrie croit alors que le gouvernement serbe est impliqué dans ce meurtre et lui déclare la guerre. Sa déclaration de guerre est appuyée par l’Allemagne, alliée de l’Autriche-Hongrie.

La Russie, qui veille à protéger les nations slaves (dont les Serbes), se mêle rapidement du conflit. L’Allemagne exige dès le 1 août des promesses de paix de la Russie et de la France puis, devant leur silence, déclare la guerre à la Russie. Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France, alliée de la Russie. Les pays européens se querellent à propos des relations internationales ce qui mène, au début de la Première Guerre mondiale, en 1914, à deux alliances : la Triple-Alliance: l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, l’Empire ottoman et l’Italie (cette dernière a quitté l’Alliance plus tard), et la Triple-Entente : la France, la Russie et Grande-Bretagne.

Le 4 août 1914, en se dirigeant vers la France, l’armée allemande envahit la Belgique. Alliée de la France, la Grande-Bretagne, qui appuie la neutralité de la Belgique, lance un ultimatum à l’Allemagne la sommant de retirer ses troupes de la Belgique et lui rappelant de respecter le traité de 1839 qui garantit la neutralité de cette dernière. Le 5 août, devant le mépris des Allemands, la Grande-Bretagne déclare la guerre à l’Allemagne.

Le Canada, colonie de l’Empire britannique, est forcé d’y prendre part… Le Canada, dominion de l’Empire britannique, ne pouvait établir ni gérer ses propres affaires étrangères. Il se voit donc obligé d’entrer en guerre aux côtés de la Grande-Bretagne, qui lui demande l’envoi de 25 000 soldats.

Le gouvernement canadien croit que le puissant Empire britannique subjuguerait rapidement l’Allemagne. Il ignore alors que la guerre durera 4 longues années et que 619 636 Canadiens s’engageront, soit près de 13 % des 8 millions de personnes qui composent sa population à l’époque.

Même si le Canada a triomphé et fait preuve d’une force de combat remarquable sur le front occidental en contribuant à la victoire des nations alliées, la Première Guerre mondiale a changé le pays à tout jamais.

Divisés sur les plans politique, économique, idéologique, linguistique et social, et sur le rôle des sexes, près de 61 000 Canadiens sont morts et 172 000 ont été blessés. Des milliers d’autres sont rentrés avec des blessures psychologiques infligées par la guerre, connues à l’époque sous le nom de « traumatisme dû aux bombardements » ou, aujourd’hui, de TSPT (trouble de stress post-traumatique).

Au total, 9 millions de personnes en uniforme et 20 millions de civils ont péri lors de la Première Guerre mondiale.

Qui s’implique dans la guerre? Quand?

Bien que la guerre commence en Europe, elle se répand rapidement à l’échelle de la planète.

Voici une liste des pays impliqués, leurs alliances ainsi que leur date d’entrée en guerre :

La Triple-Entente ou les alliés

  • Serbie (28 juillet 1914)
  • Russie (1er août 1914)
  • France (2 août 1914)
  • Grande-Bretagne (4 août 1914)
  • Dominions et colonies de l’Empire britannique (4 août 1914) :
    • Australie
    • Inde
    • Canada
    • Terre-Neuve
    • Nouvelle-Zélande
    • Afrique du Sud
  • Japon (23 août 1914)
  • Italie (23 mai 1915)
  • États-Unis (6 avril 1917)

Ces pays se sont aussi battus avec les alliés ou ont déclaré la guerre aux puissances centrales :

Puissances européennes mineures :

  • Portugal
  • Belgique
  • Roumanie
  • Grèce

Autres pays :

  • Monténégro
  • San Marino
  • Brésil, Costa Rica
  • Cuba
  • Équateur
  • Guatemala
  • Haïti
  • Honduras
  • Nicaragua
  • Panama
  • Pérou
  • Chine
  • Siam
  • Libéria

Les puissances centrales qui se sont battues contre la Triple-Entente:

  • Autriche-Hongrie (28 juillet 1914)
  • Allemagne (1er août 1914)
  • Turquie (5 novembre 1914)
  • Bulgarie (14 octobre 1915)

Voici les principaux pays européens qui sont restés neutres tout au long du conflit :

  • Pays-Bas
  • Suisse
  • Espagne
  • Suède
  • Norvège
  • Danemark
  • Finlande
  • Islande

Serais-tu prêt à combattre pour 1$ ?

En août 1914, la paie quotidienne pour un soldat était de 1$ par jour! Ceci dit, on pouvait faire plus avec un dollar en 1914 qu’aujourd’hui, mais, selon le calculateur d’inflation de la Banque du Canada, 1$ en 1914 équivaudrait à environ 22$ en 2017. Donc…Combattriez-vous pour 22$ par jour?

En tant que soldat, le rang le plus bas du Corps expéditionnaire canadien, vous pourriez espérer être promu au rang de Caporal et obtenir une augmentation de 10 sous par jour, soit l’équivalent de 2$ aujourd’hui, mais cela voudrait dire avoir beaucoup plus de responsabilités! Le plus haut rang d’officier (outre les rangs de généraux), celui de Colonel, était payé 6$ par jour (environ 130$ aujourd’hui).

À titre de comparaison, la paie quotidienne moyenne pour une infirmière du Corps expéditionnaire canadien était le double de celle d’un soldat, soit de 2$ par jour (équivalent à 43$ aujourd’hui).

Les débuts du 22e Bataillon

Les critiques sur la faible participation des Francophones à l’effort de guerre dérangent. Voulant prouver le contraire, une délégation se forme et demande officiellement la création d’un bataillon canadien-français au premier ministre canadien Robert Borden le 28 septembre 1914, à Ottawa.

Médecin, Arthur Mignault a fait fortune dans l’industrie pharmaceutique. Chirurgien-major des Carabiniers Mont-Royal de la milice non permanente, ancêtre des Fusiliers Mont-Royal de Montréal, il offre offre 50 000$ de sa fortune personnelle pour l’organisation et l’équipement d’un bataillon regroupant tous les Canadiens français du pays et même les Franco-Américains résidant aux États-Unis. Une somme colossale en 1914 !

Ces démarches sont médiatisées par le journal La Presse dont le gérant de rédaction de ce quotidien, Lorenzo Prince, soutient la cause. La Presse réclame la formation d’une unité francophone dès le début de la guerre et elle restera un précieux outil de recrutement. Une foule d’environ 20 000 personnes s’est réunie pour entendre les discours de la délégation canadienne-française en faveur de la création d’une unité militaire francophone.

Devant un tel mouvement, Borden accepte la création d’un bataillon d’infanterie francophone. Le 21 octobre 1914, il voit le jour sous le nom de Régiment Royal canadien-français. Les bataillons intégrés au Corps expéditionnaire canadien étant numérotés, le Régiment se voit attribuer le chiffre 22. Le 22e Bataillon canadien-français est né !

Le 22e Bataillon à l’entraînement

C’est à Saint-Jean-sur-Richelieu, sur la rive sud de Montréal, que les 1000 volontaires du 22e Bataillon s’initient à la vie militaire : maniement des armes, exercices et de longues marches. À l’étroit dans les casernes d’une unité de cavalerie, l’insalubrité et l’ennui causent des désertions… Le journal La Presse incite donc la population à envoyer jeux et livres. Il organise même une visite par train à Saint-Jean pour les familles pendant le temps des Fêtes.

Mars 1915 : nécessitant de meilleures installations, le 22e Bataillon quitte en direction d’Amherst, en Nouvelle-Écosse. L’accueil est froid dans cette petite ville anglophone. Pendant son séjour, le 22e Bataillon s’implique dans la communauté, adoptant une conduite exemplaire. Les préjugés tombent et la ville est bien triste de le voir repartir deux mois plus tard.

Après une traversée de dix jours à bord du navire HMT Saxonia, le 22e arrive le 30 mai 1915 au camp d’entraînement d’East Sandling, en Angleterre. Ce sont les derniers exercices avant le départ pour le front. Malgré l’entraînement reçu, l’arrivée sur la ligne de feu sera un véritable choc.

D’où vient le surnom “Van Doos”?

Durant la Première Guerre mondiale, ce sobriquet vient d’une prononciation déformée du chiffre “vingt-deux” en français par les militaires anglophones. L’appellation Van Doos est encore fréquemment utilisées aujourd’hui pour désigner le Royal 22e Régiment en anglais.

Quelques statistiques

 

Malgré que le 22e Bataillon ait été créé pour répondre à un besoin d’avoir une unité francophone provenant des quatre coins du Québec, ses origines renferment quelques particularités distinctes internationales.

 

De nombreuses denrées étaient nécessaires afin de nourrir tous ces soldats. Non seulement on devait équiper tous ces hommes pour qu’ils soient prêts au combat, il fallait également les nourrir!

De plus, environ 256 000 chevaux et mules ont péri aux côtés des armées du Commonwealth sur le front occidental.

Les chevaux servaient au soutien logistique, car ils étaient plus fiables que les véhicules, particulièrement dans la boue.

Ressources supplémentaires

Documentation

Les combattants – Musée de la guerre
https://www.museedelaguerre.ca/premiereguerremondiale/introduction/les-combattants/

Documents audiovisuels

Vidéo de 12 minutes qui présente en détail les circonstances ayant mené à la guerre – Les dessous des cartes
https://www.youtube.com/watch?v=3HrckZR6AB0

Vidéo dont les trois premières minutes expliquent le début de la guerre.  – Historevue
https://www.youtube.com/watch?v=hagi-8wUiJE

Raconte-moi la grande guerre: les origines
https://www.youtube.com/watch?v=-IGdExbkqxw

Raconte-moi la grande guerre: le rôle du Canada
https://www.youtube.com/watch?v=f7VNLxW4YXA

Raconte-moi la Grande Guerre – La communication
https://www.youtube.com/watch?v=R7gIkpXXRBI&t=138s

Raconte-moi la Grande Guerre – Les Canadiens français
https://www.youtube.com/watch?v=5vNPLVRhnfY

Raconte-moi la Grande Guerre – Les femmes
https://www.youtube.com/watch?v=GLf1pXSGnno