LA GUERRE EST FINIE!
La croyance que la Première Guerre mondiale mettrait fin à toutes les guerres a poussé les Alliés et leurs sympathisants à redoubler d’efforts, malgré leursimmenses pertes. L’armistice est déclaré le 11 novembre 1918, à 11h. À la fin de la guerre, plus de 20 millions de civils et 9 millions de personnes en service sont mortes, des chiffres faramineux. Le monde des vieux jours n’existe alors plus et, malgré les nouvelles frontières et l’émergence des vainqueurs, la paix n’est toutefois pas garantie et la Société des Nations (précurseur des Nations Unies) ne parviendra pas à prévenir les horreurs de la Deuxième Guerre mondiale.
La participation triomphante du Canada à la Première Guerre mondiale lui permet de prendre le contrôle de ses affaires extérieures, de son engagement envers les politiques extérieures de la GrandeBretagne ainsi que de son entrée en guerre. Les luttes de pouvoir politique sur les affaires internes et externes du Canada mènent aussi à des politiques internationales agressives qui concernent la définition des valeurs canadiennes, ses cultures française et anglaise fondatrices, les Néo-Canadiens, et l’établissement des nouveaux droits pour les femmes et les travailleurs.
Malgré les victoires et la fin de la Première Guerre mondiale, plusieurs continuent de souffrir de maladies et de séquelles psychologiques. Le chemin de la réconciliation de la nation et des gens s’échelonnera sur plusieurs générations. Nous devons nous demander ce que nous avons appris de la Première Guerre mondiale. Les sacrifices humains ont-ils été nécessaires pour faire avancer le Canada sur la scène internationale et en faire le pays qu’il est aujourd’hui? Est-ce que
le jeu en a valu la chandelle?
De retour… mais blessés
Plusieurs hommes appelés « gueules cassées » reviennent, portant les atrocités de la guerre sur leur visage et leur corps. Le grand nombre de personnes défigurées ou dont des membres ont été fracturés représente un important problème; on rapporte que 172 000 soldats canadiens ont été blessés (environ 40% de tous ceux qui ont servi outre-mer). Ces blessures occasionnent de sérieux problèmes quand vient le temps de réintégrer la société : difficulté à trouver du travail, isolement social, perte d’identité et de fierté, difficulté à trouver un compagnon, alcoolisme et même suicide.
Sur une note plus positive, le désir d’aider les anciens combattants à réintégrer la société et d’offrir une meilleure vie aux blessés durant les années qui suivent la Première Guerre mondiale engendre un développement rapide des domaines de la chirurgie plastique et des prothèses.
Reconstruction faciale
Voyant les effets désastreux des éclats d’obus sur les visages des soldats, Harold Gilles, un officier de la Croix-Rouge de la Nouvelle-Zélande, devient le moteur de l’innovation en matière de chirurgie reconstructive dans le Commonwealth. Il traite des patients et mène des expériences à l’hôpital spécialisé en blessures faciales Queen Mary, à Sicup, près de Londres, en Angleterre.
Masques
Certains hommes blessés au visage reçoivent des accessoires prosthétiques retenus par des sangles ou intégrés à leurs lunettes. Ces masques doivent recouvrir entièrement les blessures et, parfois, sur les portraits de soldats, on les voit porter des masques en cuivre ou en étain. Ces derniers sont peints afin d’imiter la couleur de peau des patients qui les portent.
Bras artificiels
La qualité des bras artificiels s’est grandement améliorée en raison de la forte demande due au nombre d’anciens combattants blessés rentrés à la maison avec un bras en moins. Habituellement fabriquées à partir de bois, de cuir, de cuir brut et de métal, ces prothèses sont considérées comme fonctionnelles. La plupart des modèles sont munis de pièces interchangeables et de charnières mobiles que l’usager peut modifier selon les exigences d’utilisation. Par exemple, il peut passer d’une main en bois à un bras à l’apparence naturelle, ou à un crochet qui facilitera l’exécution de son travail.
Jambes artificielles
Les jambes artificielles fabriquées après la Première Guerre mondiale sont plus efficaces et plus légères que celles fabriquées antérieurement. Les manufacturiers remplacent les matériaux traditionnels, comme le bois et l’acier, par l’aluminium. Ils ont également rembourré la prothèse pour la rendre plus confortable. Dans le but de servir le plus grand nombre d’amputés de guerre possible, la production de membres artificiels passe de la fabrication personnalisée à la production industrielle.
Perte auditive
Les tirs constants des armes et des mitrailleuses, doublées des explosions de l’artillerie, des grenades et des mortiers, font des tranchées des endroits particulièrement bruyants. Pendant des bombardements d’artillerie, le bruit entendu sur les champs de bataille peut facilement atteindre les 140 dB, et ce, durant de longues périodes. Différents niveaux de dommages auditifs sont enregistrés dans les rangs du Corps expéditionnaire canadien, mais ce sont les artilleurs qui souffrent le plus, car ils tirent quotidiennement à répétition et durant des heures avec de gros fusils.
Les blessures moins visibles
Les hommes qui retournent à la vie civile sont également plus sujets à la maladie en raison de leur longue exposition aux conditions difficiles et insalubres des tranchées. Plusieurs souffrent de douleurs chroniques, de tuberculose, de problèmes pulmonaires et, dans certains cas, de maladies vénériennes.
L’histoire de la guerre et du traumatisme psychologique
Une fois la guerre terminée, les soldats qui ont survécu aux balles, aux explosions, aux éclats d’obus, aux gaz toxiques, aux infections causées par les blessures, aux maladies et aux autres dangers que présentent les champs de bataille doivent retourner à la vie civile. Bien que plusieurs retournent chez eux avec des blessures physiques, un grand nombre rentre avec des souffrances beaucoup moins apparentes : des traumatismes psychiques résultant de la guerre. Même si cet état est peut-être aussi vieux que la guerre, l’ampleur d’un combat de l’époque moderne a engendré une réflexion sur ses effets sur les êtres humains.
1678
L’armée suisse pose des diagnostics aux soldats présentant des symptômes de mélancolie, de sommeil agité, d’anxiété, de réticence à manger, de fièvre et d’anomalies cardiaques. Cet état de santé porte différents noms à travers le monde comme : « Heimweh » en Allemagne, « Maladie du pays » en France et « Estar Roto » en Espagne.
Années 1860
« Soldier’s Heart » (cœur de soldat) est une maladie découverte et étudiée par Jacob Mendes Da Costa après la guerre de Sécession. Les personnes atteintes éprouvent des problèmes cardiaques continus sans présenter d’anomalies physiologiques.
1914
Peu après les premières batailles de la Grande Guerre, des hommes valides présentent des symptômes tels que des maux de tête, de l’insomnie, des tremblements, de l’amnésie, des troubles de la vision, etc. Un grand pourcentage de blessés au combat éprouvant ces symptômes est envoyé dans des hôpitaux de campagne où ils demeurent jusqu’à ce qu’ils soient capables de retourner sur les champs de bataille.
1915
En 1915, cet état avait un nom utilisé à grande échelle par les alliés : traumatismes dus aux bombardements. Néanmoins, cette maladie demeure mal comprise et est perçue de manière négative, comme un signe de lâcheté. Les troupes allemandes subissent également les traumatismes de cette guerre qui donnent lieu à au « Kriegszitterer », soit « tremblement » en allemand.
1939-1945
Durant la Deuxième Guerre mondiale et la guerre de Corée, on parlait d’épuisement au combat pour nommer les traumatismes psychiques découlant de la guerre. Par contre, plus cet état est étudié, plus il est pris au sérieux, et il devient crucial de remplacer les soldats affectés par cette maladie afin de préserver la cohésion de l’unité.
1972
Aux États-Unis, plusieurs vétérans de la guerre du Vietnam sont touchés par un syndrome de réponse au stress. Il s’agit également d’un moment important pour la sensibilisation aux traumatismes psychiques résultant de la guerre. En effet, d’anciens combattants protestent pour demander des soins de santé mentale et pour exiger que cette maladie soit vue comme une réaction normale aux atrocités dont ils ont été témoins.
1980
La maladie est reclassée sous le nom de trouble de stress post-traumatique (TSPT) avec la définition que nous connaissons aujourd’hui. Le TSPT est maintenant reconnu comme une maladie mentale qui met en cause une expérience traumatisante. Ce trouble n’est pas limité aux expériences de combat, car un traumatisme peut survenir à la suite d’autres types d’expériences : crimes, catastrophes naturelles, accidents, agressions sexuelles ou tout autre événement stressant.
Qu’est-ce qu’un coquelicot?
Le « papaver rhoeas », connu sous le nom de coquelicot, est une fleur annuelle qui éclot à la fin du printemps, en Europe. Cette fleur pousse bien lorsque la terre est remuée. En raison des bombardements continus en Belgique et sur d’autres champs de bataille, les coquelicots rouges font partie du paysage avoisinant les tranchées et les tombes de soldats.
Saviez-vous que le pollen du « papaver rhoeas » n’occasionne aucune réaction allergique lorsqu’il est inhalé?
Poème de John McCrae, mai 1915
Inspiré par la vue des coquelicots, le lieutenant-colonel John McCrae, un médecin militaire canadien, écrit un court poème durant la deuxième bataille d’Ypres, peu de temps après la mort d’un ami proche. Bien qu’il ne soit pas très fier de son poème, ses amis l’encouragent à le faire publier.
Magazine Punch, décembre 1915
Punch, or the London Charivari, est une publication satirique britannique présentant de courts articles et des poèmes en petits caractères. Avant la guerre, Punch était un magazine très populaire et bien établi. En décembre 1915, il publie le poème de 13 lignes de John McCrae.
Saviez-vous que le magazine Punch a publié du contenu antiguerre avant la Première Guerre mondiale? Peu de temps après le début du conflit, le magazine a cessé de publier des déclarations antiguerre et a soutenu l’effort de guerre.
Moina Michael, 1918
Moina Michael, une professeure américaine, est touchée en lisant le poème de John McCrae et fait le serment de porter un coquelicot rouge en souvenir de tous ceux qui ont servi durant la guerre de 1914-1918. C’est en enseignant à d’anciens combattants blessés, à l’université de Géorgie, qu’elle réalise que ces hommes ont besoin de soutien financier, alors elle commence à amasser des fonds en vendant des coquelicots.
Madame Anna Guerin découvre cette initiative lors d’une visite aux États-Unis et amène l’idée en France où elle mène par la suite plusieurs campagnes de financement pour venir en aide aux veuves et aux orphelins de la guerre.
Outil de recrutement, 1917
Les coquelicots et le poème de John McCrae sont souvent utilisés sur les affiches de propagande afin de pousser la vente des obligations de guerre et de contribuer à l’effort de recrutement. C’est particulièrement le cas au Canada, alors que le pays traverse la Crise de la conscription et qu’il a besoin d’un symbole de persévérance.
Associations d’anciens combattants, 1921
L’ancêtre de la Légion royale canadienne, l’Association des vétérans de la Grande Guerre, au Canada, fait du coquelicot son symbole officiel de commémoration, en juillet 1921. La même année, la Royal British Legion (Légion royale britannique) commande 9 millions de coquelicots dans l’espoir de les vendre le jour de l’Armistice, soit le 11 novembre. Dans ces deux pays, la campagne du coquelicot est un succès et les profits servent à soutenir les vétérans de la guerre.
Coquelicot blanc, 1926
Après la popularisation du coquelicot rouge dans le Commonwealth, des mouvements pacifistes du Royaume-Uni lancent leur propre mouvement en utilisant un coquelicot blanc comme symbole du rêve de vivre dans un monde sans guerres. Aujourd’hui, plusieurs mouvements antiguerre soutiennent le mouvement du coquelicot blanc, mais sa popularité a diminué en raison de controverses entourant l’interprétation du symbole que représente le coquelicot blanc. De plus, cette campagne est perçue comme un manque de respect envers les anciens combattants et ceux qui ont fait le sacrifice ultime.
Aujourd’hui
Chaque année au Canada, on porte des coquelicots rouges sur des revers de cols à partir du dernier vendredi d’octobre jusqu’au 11 novembre pour se souvenir de tous ceux qui sont morts au combat, et pas exclusivement durant la Première Guerre mondiale. On peut se les procurer durant cette période en échange d’un don qui servira à supporter les anciens combattants. Les campagnes du coquelicot sont habituellement les plus grosses campagnes de collecte de fonds des organismes de la Légion. En vertu d’une loi du Parlement votée le 30 juin 1948, seule la Légion a l’autorité de vendre des coquelicots. « Le peuple canadien a confié à La Légion royale canadienne la responsabilité de maintenir le coquelicot comme un symbole nous rappelant tous de ne jamais oublier les sacrifices consentis par les vétérans pour protéger et défendre notre liberté. »
Ressources supplémentaires
Trucs et astuces
Pour faire sa bibliographie
http://www.alloprof.qc.ca/bv/pages/f1414.aspx
Documentation
Encyclopédie canadienne
https://www.encyclopediecanadienne.ca/fr/
Pour faire vos recherches
Dossiers du Personnel de la Première Guerre mondiale – Gouvernement du Canada
http://www.bac-lac.gc.ca/fra/decouvrez/patrimoine-militaire/premiere-guerre-mondiale/dossiers-personnel/Pages/Recherche.aspx
Commonwealth War Graves Commission (en anglais seulement)
https://www.cwgc.org/
Les Livres du Souvenir – Anciens Combattants Canada
http://www.veterans.gc.ca/fra/remembrance/memorials/books/search
Registres de circonstances du décès – Première guerre mondiale – Bibliothèque et Archives Canada
https://www.bac-lac.gc.ca/fra/decouvrez/archives-numerisees-grande-echelle/registres-circonstances-deces/Pages/registres-circonstances-deces.aspx#d
Documents audiovisuels
Célébrations de l’armistice : New York, Paris, Londres, 15 min 19 s
https://www.youtube.com/watch?v=pqgnSXwPfCw