LA FIN DE LA MISSION DU CANADA

En juillet 2011, le Canada et les autres membres de la FIAS ont mis fin à leurs missions de combat en Afghanistan et ont entrepris le processus de transition vers une sécurité prise en charge par les Afghans.

Cette transition impliquait une participation au développement et à la formation de forces de sécurité professionnelles. La mission de formation du Canada a duré jusqu’en mars 2014, lorsque la dernière troupe canadienne a quitté l’Afghanistan et remis ses installations militaires à l’Armée nationale afghane (ANA) et à l’armée américaine, qui est restée active dans le pays jusqu’en 2021.

Le Canada a maintenu une présence diplomatique en Afghanistan jusqu’en 2021 et a investi financièrement dans de nombreux projets visant à accroître la stabilité et à favoriser la démocratie.

Trois soldats de l’armée nationale afghane se reposent. Les Forces canadiennes ont apporté une aide considérable à l’armée afghane pendant les opérations et ont veillé à ce qu’elle soit approvisionnée en équipement et en formation (source : Musée RMR).
Un membre de la police nationale afghane dans un véhicule d’escorte. La police afghane a été fréquemment appelée à participer à la guerre contre les insurgés en soutien aux missions de la coalition (source : Musée RMR).
D’entrée de jeu, la mission de l’OTAN en Afghanistan était de soutenir la formation d’un État démocratique et stable qui se gouvernerait librement. Le développement de forces de sécurité bien formées et professionnelles, notamment d’une force de police et d’une armée nationales, était considéré comme un élément clé de cette mission.

Les troupes de l’OTAN ont collaboré avec l’Armée nationale afghane (ANA) pour diverses opérations, mais celle-ci n’avait pas encore atteint sa pleine taille et n’était pas prête à combattre seule les talibans. La mission de formation qui s’est déroulée de 2011 à 2014 a permis de faciliter la transition en assurant que l’ANA avait tous les outils nécessaires pour assumer seule les tâches liées à la sécurité et au combat.

Un membre de l’armée nationale afghane fait la démonstration d’un lance-roquettes antichar (source : Resolute Support Media par le lieutenant Sally Armstrong).
Officiers de l’armée nationale afghane en formation. Plusieurs éléments de l’armée afghane ont été formés par des membres des Forces canadiennes au cours de leur mission (source : U.S. Air Force par le sergent-chef Bradley Lau).

Centre de formation militaire de Kaboul

Pendant la mission de formation de l’OTAN de 2011 à 2014, lorsque les Afghans s’inscrivaient dans l’armée nationale, ils devaient suivre une formation de base de 16 semaines. L’alphabétisation était un aspect important de cette formation et un total de 64 heures étaient consacrées à des cours de lecture, d’écriture et de calcul.
Le centre d’entraînement militaire de Kaboul a été conçu pour former les différentes branches de l’armée nationale afghane dans diverses disciplines : maniement des armes, entretien et conduite des véhicules, soins médicaux, tâches auxiliaires, etc. (source : collection privée, avec autorisation).
Trois rotations comptant chacune jusqu’à 950 soldats canadiens ont apporté leur expertise aux installations d’entraînement afghanes. Ces mentors ont conseillé les officiers et les soldats afghans en formation sur les exercices d’entraînement sur le terrain, les tactiques d’infanterie et le leadership. Lorsque le Canada et les autres forces de l’OTAN ont quitté l’Afghanistan en 2014, l’ANA comptait près de 200 000 soldats pleinement entraînés.
Le major Craig Chiasson donne un cours aux étudiants de l’armée nationale afghane au camp Gazi à Kaboul, le 15 juillet 2013. Cette formation de l’opération ATTTENTION a été conçue pour former plusieurs branches des forces de l’armée nationale (Source : Cplc Frieda Van Putten. DND-MDN Canada).
Des femmes enrôlées dans l’armée nationale afghane apprennent à assembler des pistolets au centre d’entraînement militaire de Kaboul, le 6 septembre 2011 (source : U.S.Air. Force par l’aviateur Kat Lynn Justen).

Ambassade du Canada en Afghanistan

Bien que la mission de combat du Canada ait pris fin en 2011 et sa mission d’entraînement en 2014, un petit nombre de soldats ont été déployés pour protéger les diplomates canadiens et l’ambassade du Canada à Kaboul, qui a été ouverte de 2003 à 2021.

Le Canada s’est également joint à d’autres membres de la communauté internationale pour contribuer financièrement à des initiatives censées réduire la pauvreté et accroître la stabilité, la sécurité et la prospérité. Celles qu’il a privilégiées avaient pour objectif d’améliorer la situation des femmes et des filles sur les plans de l’éducation, des possibilités d’emploi, de la santé et des droits génésiques.

En août 2021, une petite force de soldats canadiens a de nouveau été déployée pour aider à évacuer les diplomates canadiens ainsi que près de 3 700 autres personnes ayant des liens avec le Canada.

À gauche, une rencontre entre l’ambassadrice canadienne Deborah Lyrons et un haut responsable militaire afghan. À droite, Deborah Lyons est avec le président afghan Hamid Karzai en 2013 (source : Canada in Afghanistan).

Front intérieur

Chaque guerre qui se déroule en sol étranger a également un front intérieur, où l’on se bat pour la légitimité et l’approbation du public. C’est le gouvernement qui décide d’entrer en guerre ou d’y rester, et celui-ci préfère prendre ces décisions sans perdre de votes. Le déploiement du Canada a suscité la controverse tout au long de la guerre, l’opinion publique ayant oscillé durant les 14 années où les soldats canadiens étaient en Afghanistan. Les opinions divergeaient également d’une province à l’autre. Au Québec, l’attitude vis-à-vis de la guerre était particulièrement négative, l’opposition atteignant jusqu’à 77% et descendant rarement en dessous de 50%.

Que pensent aujourd’hui les Canadiens de la guerre en Afghanistan ?

Il n’existe pas de statistiques fiables nous permettant de savoir ce que pensent les Canadiens aujourd’hui. Les troupes canadiennes ont quitté l’Afghanistan depuis quelques années maintenant, et depuis, les talibans n’ont cessé de lutter pour reprendre le contrôle du pays. En 2020, les États-Unis ont négocié avec les talibans et signé l’accord de Doha, acceptant de retirer les troupes américaines. L’année suivante, les talibans ont lancé une offensive qui a balayé le pays à une vitesse fulgurante entre mai et août. En août 2021, ils se sont emparés de Kaboul en rencontrant peu de résistance ; le président afghan, Ashraf Ghani, a fui le pays. L’armée américaine s’est retirée, évacuant plus de 123 000 personnes par avion. La guerre était terminé.
Les derniers soldats canadiens de la coalition montent à bord d’un hélicoptère Chinook pour quitter définitivement leur mission en Afghanistan, le 12 mars 2014 (crédit : Cplc Patrick Blanchard/Wiki Commons).
Certains prétendent que la contribution du Canada en Afghanistan n’a servi à rien, car les infrastructures que les soldats canadiens ont aidé à construire et les libertés qu’ils ont défendues s’érodent rapidement sous le régime taliban. D’autres soutiennent que les années de relative stabilité et de promotion de l’éducation et des libertés aspects les plus sévères du régime. D’autres encore disent en savoir simplement trop peu sur la guerre pour se prononcer. Et vous ? Qu’en pensez-vous ?

Bien que l’opinion des membres de l’Armée canadienne sur la question de la guerre en Afghanistan ne soit pas homogène, on y retrouve un consensus : il est important de souligner la participation canadienne, de commémorer les 159 soldats canadiens tués au combat et de soutenir les vétérans de cette guerre.

J’alterne souvent entre être très fier de ce que moi et la petite équipe a réussi à faire là-bas – je pense que c’était merveilleux, je pense que ça s’est bien passé, je pense qu’on a vraiment fait une différence – et à l’opposée, c’était tellement un petit morceau dans une grande entreprise sur des milliers de personnes et sur presque 14 ans. Est-ce que c’était une partie significative ? Est-ce que c’est important que ce soit significatif ? Je ne sais pas. Tout ça pour dire que j’ai de la misère à trouver comment en parler.
– Nicholas Gauthier, Royal Montreal Regiment

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