Retour et réintégration

La Première Guerre mondiale a eu un profond impact sur la société canadienne et, à bien des égards, l’a changée à jamais. Les combats ont peut-être pris fin en novembre 1918, mais il a fallu de nombreux mois pour ramener au pays les centaines de milliers de Canadiens qui se trouvaient à l’étranger. À leur arrivée, ils ont apporté avec eux non seulement les cicatrices de la bataille, mais aussi une pandémie mortelle, la grippe dite espagnole, qui a ravagé le Canada et fait de nombreux morts. Ceux qui ont survécu se sont réintégrés dans une société transformée, pleine de changements politiques et de nouvelles opportunités pour les femmes. Les soldats canadiens noirs, autochtones et asiatiques qui avaient servi à l’étranger sont cependant retournés dans une société qui ne reconnaissait pas pleinement leur sacrifice et ne leur accordait pas les mêmes droits que les autres Canadiens.

Aujourd’hui, cependant, nous rendons hommage à tous les Canadiens qui ont servi pendant la Première Guerre mondiale et les guerres qui ont suivi. La façon dont nous nous souvenons d’eux découle directement de la Première Guerre mondiale et nous rappelle à quel point l’héritage de la Première Guerre mondiale reste important pour le Canada moderne.

Démobilisation

Quand on raconte l’histoire de la Première Guerre mondiale, celle-ci s’arrête souvent avec l’armistice le 11 novembre 1918.

En réalité, l’histoire se poursuit encore longtemps pour les troupes canadiennes qui étaient encore loin de la maison. Les bateaux qui étaient utilisés pendant la guerre ont retrouvé leur fonction originale de transporter des produits commerciaux au lieu de troupes. Dans ce contexte, la logistique nécessaire pour ramener plus de 350 000 personnes au Canada était un défi considérable. En janvier 1919, les Canadiens quittent l’Allemagne et se rendent en Belgique, mais ce n’est qu’au printemps que les troupes peuvent commencer à rentrer au Canada. Cela prendra des mois avant que tous les Canadiens soient de retour chez eux. En fait, le retour à la maison des Canadiens devient le plus grand déplacement de gens jamais vu à l’époque; plus de 350 000 personnes au total, à raison de 50 000 soldats par mois.

Il a fallu neuf mois avant que le Canada ait rapatrié tout le monde. Pendant ce temps, les soldats étaient agités et impatients de retrouver leur vie civile après avoir passé autant de temps loin de chez eux. Des soldats se sont même révoltés à Kinmel Park, ce qui s’est soldé en plusieurs morts.

Transformation du rôle des femmes

L’époque entourant la Première Guerre mondiale est également mouvementée pour les femmes qui commencent à acquérir une plus grande indépendance économique et à obtenir des occasions politiques. Des changements juridiques leur permettent de posséder des propriétés, de contrôler leurs propres finances, et de signer des contrats et des testaments. Elles peuvent maintenant poursuivre leur éducation, et plusieurs ont saisi la chance de travailler à l’extérieur de la maison.

Infirmières

Durant la Première Guerre mondiale, plus de 2 500 femmes canadiennes répondent à l’appel aux armes et s’enrôlent comme infirmières militaires. Tout comme leurs compatriotes masculins, elles font partie du Corps expéditionnaire canadien (CE). La profession d’infirmière est rapidement devenue une occupation respectable et plusieurs femmes affluent pour servir leur pays. Les infirmières déployées en Europe sont les premières femmes à pouvoir voter lors d’une élection fédérale, en 1917, en raison d’une exception parlementaire – émanant de la Crise de la conscription – décrétée pour les amener aux urnes.

Suffragettes

Le mouvement de défense du droit de vote des femmes prend de l’ampleur au milieu du 19e siècle. Les femmes n’ont pas non plus entièrement le statut de « citoyenne ». À défaut de voter et de contribuer de cette manière à faire changer les lois, les suffragettes protestent contre cette discrimination et militent pour devenir des citoyennes à part entière. Avant la Première Guerre mondiale, leur militantisme est considéré par Scotland Yard comme une plus grande menace que l’Armée républicaine irlandaise, car les suffragettes menaient une campagne soutenue de terreur et de violence dans tout le Royaume-Uni.

Traditionnelles

Certaines femmes ne sont pas en faveur de ces transformations sociales radicales et ne croient pas que l’émancipation de la femme soit favorable pour la société. Des mouvements antisuffragettes existent aussi au Canada et plusieurs adeptes du féminisme maternel préconisent une idéologie prônant le rôle distinct de la femme, qui consiste principalement à prendre soin des autres, et à sa liberté totale au sein de son foyer.

 

 

Travailleuses

Le travail rémunéré n’est pas nouveau pour les femmes en 1914, mais il devient de plus en plus normal qu’elles occupent des postes laissés vacants par des hommes partis au front. Durant la guerre, les femmes occupent des emplois dans des usines et au sein de la fonction publique, et elles participent activement aux industries en temps de guerre comme la production de munitions. Au retour des hommes, le statu quo d’origine est rétabli, mais un précédent avait tout de même été créé, puisque des femmes avaient travaillé dans des domaines normalement réservés aux hommes. Le génie est sorti de la bouteille!

 

Se souvenir

Qu’est-ce qu’un coquelicot?

Le « papaver rhoeas », connu sous le nom de coquelicot, est une fleur annuelle qui éclot à la fin du printemps, en Europe. Cette fleur pousse bien lorsque la terre est remuée. En raison des bombardements continus en Belgique et sur d’autres champs de bataille, les coquelicots rouges font partie du paysage avoisinant les tranchées et les tombes de soldats.

Saviez-vous que le pollen du « papaver rhoeas » n’occasionne aucune réaction allergique lorsqu’il est inhalé?

Poème de John McCrae, mai 1915

Inspiré par la vue des coquelicots, le lieutenant-colonel John McCrae, un médecin militaire canadien, écrit un court poème durant la deuxième bataille d’Ypres, peu de temps après la mort d’un ami proche. Bien qu’il ne soit pas très fier de son poème, ses amis l’encouragent à le faire publier.

Magazine Punch, décembre 1915

Punch, or the London Charivari, est une publication satirique britannique présentant de courts articles et des poèmes en petits caractères. Avant la guerre, Punch était un magazine très populaire et bien établi. En décembre 1915, il publie le poème de 13 lignes de John McCrae.

Saviez-vous que le magazine Punch a publié du contenu antiguerre avant la Première Guerre mondiale? Peu de temps après le début du conflit, le magazine a cessé de publier des déclarations antiguerre et a soutenu l’effort de guerre.

Outil de recrutement, 1917

Les coquelicots et le poème de John McCrae sont souvent utilisés sur les affiches de propagande afin de pousser la vente des obligations de guerre et de contribuer à l’effort de recrutement. C’est particulièrement le cas au Canada, alors que le pays traverse la Crise de la conscription et qu’il a besoin d’un symbole de persévérance.

Moina Michael, 1918

Moina Michael, une professeure américaine, est touchée en lisant le poème de John McCrae et fait le serment de porter un coquelicot rouge en souvenir de tous ceux qui ont servi durant la guerre de 1914-1918. C’est en enseignant à d’anciens combattants blessés, à l’université de Géorgie, qu’elle réalise que ces hommes ont besoin de soutien financier, alors elle commence à amasser des fonds en vendant des coquelicots.

Madame Anna Guerin découvre cette initiative lors d’une visite aux États-Unis et amène l’idée en France où elle mène par la suite plusieurs campagnes de financement pour venir en aide aux veuves et aux orphelins de la guerre.

Associations d’anciens combattants, 1921

L’ancêtre de la Légion royale canadienne, l’Association des vétérans de la Grande Guerre, au Canada, fait du coquelicot son symbole officiel de commémoration, en juillet 1921. La même année, la Royal British Legion (Légion royale britannique) commande 9 millions de coquelicots dans l’espoir de les vendre le jour de l’Armistice, soit le 11 novembre. Dans ces deux pays, la campagne du coquelicot est un succès et les profits servent à soutenir les vétérans de la guerre.

Coquelicot blanc, 1926

Après la popularisation du coquelicot rouge dans le Commonwealth, des mouvements pacifistes du Royaume-Uni lancent leur propre mouvement en utilisant un coquelicot blanc comme symbole du rêve de vivre dans un monde sans guerres. Aujourd’hui, plusieurs mouvements antiguerre soutiennent le mouvement du coquelicot blanc, mais sa popularité a diminué en raison de controverses entourant l’interprétation du symbole que représente le coquelicot blanc. De plus, cette campagne est perçue comme un manque de respect envers les anciens combattants et ceux qui ont fait le sacrifice ultime.

Aujourd’hui

Chaque année au Canada, on porte des coquelicots rouges sur des revers de cols à partir du dernier vendredi d’octobre jusqu’au 11 novembre pour se souvenir de tous ceux qui sont morts au combat, et pas exclusivement durant la Première Guerre mondiale. On peut se les procurer durant cette période en échange d’un don qui servira à supporter les anciens combattants. Les campagnes du coquelicot sont habituellement les plus grosses campagnes de collecte de fonds des organismes de la Légion. En vertu d’une loi du Parlement votée le 30 juin 1948, seule la Légion a l’autorité de vendre des coquelicots. « Le peuple canadien a confié à La Légion royale canadienne la responsabilité de maintenir le coquelicot comme un symbole nous rappelant tous de ne jamais oublier les sacrifices consentis par les vétérans pour protéger et défendre notre liberté. »

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