Le Traité de Versailles

En 1919, les dirigeants et diplomates alliés se sont réunis à Paris pour négocier une paix durable. À l’image d’une véritable « guerre mondiale », 32 pays sont conviés à discuter des conditions de paix et à conclure un accord. Le traité de paix a été, en grande partie, rédigé par les « Big Four », les dirigeants du Royaume-Uni, de la France, des États-Unis et, par intermittence, de l’Italie. Ils étaient rejoints chaque semaine par la conférence plénière, où d’autres nations et pays de plus petite envergure, dont le Canada, pouvaient apporter leur contribution. L’Allemagne n’a pas été invitée et ne pouvait négocier contre les termes sévères imposés sur elle par le traité.

Souvenir de l’événement de la signature du traité de Versailles (Toronto Public Library).

Découvre : Utilise l’image pour découvrir certains des représentants importants du traité de Versailles.

(Image composée : Bibliothèque et Archives Canada/Library of Congress)

L’indépendance du Canada

La signature du Traité de Versailles a lieu le 28 juin 1919. Les termes du Traité de Versailles n’ont pas vraiment eu d’impact direct sur le Canada, à part recevoir une petite partie des indemnités de guerre. Le Canada étant un Dominion et non une nation indépendante de la Grande-Bretagne, le Premier ministre canadien Sir Robert Borden a dû se battre pour que le Canada soit représenté à la Société des Nations et puisse signer le traité de manière indépendante.

Or, l’Empire britannique et le reste du monde reconnaissent que les actions des Canadiens durant la guerre prouvent que le Canada, en tant que nation, mérite de s’impliquer dans les affaires internationales, et ce, indépendamment des Britanniques. Le Canada obtint finalement le droit de signer le traité de Versailles séparément de la Grande-Bretagne et s’est vu attribuer son propre siège à la Société des Nations, bien qu’il fût encore un dominion de l’Angleterre. Le Canada, et les autres dominions britanniques, prend enfin le contrôle de ses affaires externes.

Au cours des années qui ont suivi, le Canada a acquis encore plus d’autonomie dans ses relations internationales. En 1931, la Grande-Bretagne adopte le Statut de Westminster, qui autorise officiellement le Canada et les autres dominions à prendre le contrôle de leur propre politique étrangère et à décider de manière indépendante d’entrer en guerre ou non. Ainsi, lorsque la Seconde Guerre mondiale a éclaté et que la Grande-Bretagne a déclaré la guerre à l’Allemagne, le Canada a attendu une semaine entière avant de faire de même, en partie pour montrer qu’il s’engageait de sa propre initiative.

Nouvelles frontières de l’ancien monde

Comme la guerre tire à sa fin, les frontières de plusieurs nations sont modifiées. Les empires ont disparu pour faire place à davantage d’États-nations. Plusieurs d’entre eux ont gagné du territoire et le paysage politique instable engendré par la guerre déclenche des révolutions et des déclarations d’indépendance dans certaines parties de l’Europe.

Découvre : Compare cette carte à celle que nous avons vue à la première page, dans la section « Qu’est-ce qui cause la Grande Guerre ». Qu’est-ce qui a changé ?

Map Data: Kropelnicki, Jeffrey; Johnson, Grace; Kne, Len; Lindberg, Mark. (2022). Historical National Boundaries. Retrieved from the Data Repository for the University of Minnesota, https://doi.org/10.13020/146x-1412.

Un héritage durable

La Première Guerre mondiale a des effets sur tous les aspects de la vie des Canadiens. Quand elle se termine enfin, les Canadiens ressentent le besoin de commémorer les immenses sacrifices de tous les citoyens du pays. Les visites des champs de bataille en France et en Belgique s’organisent peu de temps après la fin de la guerre. Les gens s’y rendent pour différentes raisons : trouver une tombe, accompagner un ancien combattant, ou par simple curiosité. En septembre 1920, le gouvernement crée la Commission des monuments des champs de bataille nationaux dans le but de réaliser des monuments dédiés aux Canadiens dans huit champs de bataille répartis en France et en Belgique. En 1922, le gouvernement français fait don de 250 acres de terrain au Canada pour qu’il puisse y construire un mémorial de ce type à la crête de Vimy. Pour rendre hommage à ceux qui ont donné leur vie pour leur pays durant les quatre ans de conflit, on y inscrit les noms des 11 285 soldats canadiens morts en France et qui n’ont pas de tombes.

Le mémorial de Vimy en 1936 (Toronto Public Library).

Il faut 14 ans à l’architecte et sculpteur Walter Allward pour terminer ce monument. Ce dernier est dévoilé le 26 juillet 1936 par le roi Édouard VIII, et plus de 50 000 anciens combattants, Canadiens et Français, ainsi que leurs familles, assistent à la cérémonie. La Légion royale canadienne demande à Charlotte Susan Wood, une mère ayant perdu cinq de ses fils durant la guerre, de représenter durant le pèlerinage l’ensemble des mères canadiennes ayant perdu un enfant à cause du conflit. Elle prend part à l’événement, décorée de la Médaille d’argent, une médaille remise aux mères ou aux femmes de soldats décédés. Elle dépose une couronne sur la tombe du Soldat inconnu à Westminster Abbey et une autre durant la cérémonie à la crête de Vimy. Chaque année, pour le jour du Souvenir, la Légion continue cette tradition en demandant à une mère portant la Médaille d’argent de déposer une couronne sur le Monument commémoratif de guerre du Canada.

Jeton du pèlerinage à Vimy (The Queen’s Own Rifles Museum and Archives).
Charlotte Wood (Library and Archives Canada).

Les chênes de Vimy

Saviez-vous que, durant la bataille de la crête de Vimy, le lieutenant Leslie Miller récoltait des glands sur le champ de bataille et les envoyait à ses proches à Scarborough pour qu’ils les plantent ? Les glands sont devenus des chênes maintenant appelés des chênes de Vimy. Plus de 100 ans plus tard, ces chênes et leurs semis, qui ont été plantés à travers le Canada et au mémorial de Vimy, sont un hommage aux sacrifices réalisés par les Canadiens qui ont combattu.

Étude de cas : comment le coquelicot est-il devenu le symbole canadien du jour du Souvenir ?

Dessin d’un coquelicot (New York Public Library).

Qu’est-ce qu’un coquelicot ?

Le « papaver rhoeas », connu sous le nom de coquelicot, est une fleur annuelle qui éclot à la fin du printemps, en Europe. Cette fleur pousse bien lorsque la terre est remuée. En raison des bombardements continus en Belgique et sur d’autres champs de bataille, les coquelicots rouges font partie du paysage avoisinant les tranchées et les tombes de soldats.

Copie écrite de In Flanders Fields (Library and Archives Canada).

Poème de John McCrae, mai 1915

Inspiré par la vue des coquelicots, le lieutenant-colonel John McCrae, un médecin militaire canadien, écrit un court poème durant la deuxième bataille d’Ypres, peu de temps après la mort d’un ami proche. Bien qu’il ne soit pas très fier de son poème, ses amis l’encouragent à le faire publier.

Couverture du magazine Punch (Internet Archive).

Magazine Punch, décembre 1915

Punch, ou le London Charivari, est une publication satirique britannique présentant de courts articles et des poèmes en petits caractères. Avant la guerre, Punch était un magazine très populaire et bien établi. En décembre 1915, il publie le poème de 13 lignes de John McCrae.

Les trois dames aux coquelicots

Moina Michael

Digital Library of Georgia

Moina Michael, une professeure américaine, est touchée en lisant le poème de John McCrae et fait le serment de porter un coquelicot rouge en souvenir de tous ceux qui ont servi durant la guerre. C’est en enseignant à d’anciens combattants blessés, à l’université de Géorgie, qu’elle réalise que ces hommes ont besoin de soutien financier. Elle commence alors à amasser des fonds en vendant des coquelicots.

Anna Guerin

Nebraska State Historical Society (cropped)

Madame Anna Guerin découvre cette initiative lors d’une visite aux États-Unis et amène l’idée en France où elle mène par la suite plusieurs campagnes de financement pour venir en aide aux veuves et aux orphelins de la guerre. En 1921, elle voyage à travers le Canada pour promouvoir son programme de collecte de fonds « Poppy Day » et contribue à mettre en place le premier jour du Souvenir au Canada.

Lillian Freiman

Library and Archives Canada

Lilian Bilskey Freiman fait certains des premiers coquelicots fabriqués au Canada pour le jour du Souvenir dans sa maison à Ottawa. Elle contribue aussi à la mise en place de l’Association des vétérans de la Grande Guerre et des ateliers d’anciens combattants (les « Vetcraft shops ») qui visent à offrir du travail aux vétérans blessés durant la guerre. En juillet 1921, l’Association fait du coquelicot son symbole commémoratif. En 1923, la majorité des coquelicots faits au Canada sont confectionnés par des vétérans travaillant dans les ateliers d’anciens combattants. En remerciement de ses contributions, la Légion royale canadienne fait de Lilian Bilskey Freiman un membre honoraire à vie de la Légion. Elle est la première femme à recevoir cet honneur.

Aujourd’hui

Chaque année au Canada, on porte des coquelicots rouges sur des revers de cols à partir du dernier vendredi d’octobre jusqu’au 11 novembre pour se souvenir de tous ceux qui sont morts au combat, incluant, mais pas seulement, durant la Première Guerre mondiale. On peut se les procurer durant cette période en échange d’un don qui servira à supporter les anciens combattants. Les campagnes du coquelicot sont habituellement les plus grosses campagnes de collecte de fonds des organismes de la Légion. En vertu d’une loi du Parlement votée le 30 juin 1948, seule la Légion à l’autorité de vendre des coquelicots. « Le peuple canadien a confié à La Légion royale canadienne la responsabilité de maintenir le coquelicot comme un symbole nous rappelant tous de ne jamais oublier les sacrifices consentis par les vétérans pour protéger et défendre notre liberté. »

L’importance historique de la Première Guerre mondiale

L’effet de la Grande Guerre sur la vie des Canadiens est indéniable. Des milliers de Canadiens ont risqué leur vie à l’étranger pour aider les Britanniques et leurs alliés. Durant leur service, des avancées médicales et technologiques encore utiles aujourd’hui furent réalisées. Par leurs actions durant le conflit, les Canadiens ont prouvé qu’ils avaient leur place sur la scène internationale et permirent au Canada de se forger un nom, indépendamment de la Grande-Bretagne.

Au pays, la guerre transforma profondément la manière dont vivent et travaillent les Canadiens. Malheureusement, environ 66 000 Canadiens ne reviennent jamais de la guerre, ce qui laisse de nombreuses familles sans revenu. Le personnel de l’armée suffisamment chanceux de revenir vivant doit, quant à lui, réintégrer une société transformée tant sur le plan social que politique. Les Canadiens se regroupent ainsi pour soutenir le personnel de l’armée, mais aussi les familles qui ont perdu des proches à cause de la guerre. Des organisations, dont l’Association canadienne des amputés de guerre, sont notamment mises sur pied pour aider les militaires de retour au pays, et beaucoup d’entre elles se développent ensuite pour soutenir aussi les civils.

Bien que ce conflit date de plus d’un siècle, l’héritage de la Première Guerre mondiale est toujours présent. Chaque année, plus de 800 000 individus se recueillent au Mémorial national du Canada à Vimy pour honorer la mémoire de ceux qui ont combattu pendant la guerre. Les Canadiens continuent également d’honorer ces combattants lors du jour du Souvenir, célébré chaque 11 novembre, soit le jour où la guerre a pris fin en 1918.

Réfléchis: Comment imaginiez-vous la Première Guerre mondiale avant de parcourir cette exposition ? Votre vision a-t-elle changé ?