Qu’est-ce qui cause la Grande Guerre ?

Découvre : Explore cette carte pour voir comment l’Europe ressemblait en 1914.

Map Data: Kropelnicki, Jeffrey; Johnson, Grace; Kne, Len; Lindberg, Mark. (2022). Historical National Boundaries. Retrieved from the Data Repository for the University of Minnesota, https://doi.org/10.13020/146x-1412.

Une carte de l’Europe de 1914 présente une image très différente de l’Europe d’aujourd’hui. L’Europe de l’Est, surtout, est divisée entre plusieurs empires : l’Empire allemand, l’Empire austro-hongrois et l’Empire ottoman. Ces derniers, tout comme les pays de l’Europe de l’Ouest, sont en compétition constante entre eux. Ainsi, les décennies de rivalités impérialistes, de compétition économique, de nationalisme et d’instabilité font en sorte que la paix est fragile et instable en Europe au tournant du 20e siècle.

Les facteurs suivants sont donc les principales causes de la Première Guerre mondiale : le militarisme, les alliances, l’impérialisme et le nationalisme.

Les principales causes de la Première Guerre mondiale

Le militarisme

Durant le 19e siècle, les puissances européennes octroyaient des ressources considérables pour maintenir une armée, même en temps de paix. Tous devaient être sûrs d’être prêts aussi vite que possible s’ils se retrouvaient attaqués. Toutefois, l’ampleur de la préparation variait grandement d’un pays à l’autre.

Les plus grosses armées se trouvent en Europe, là où la plupart des combats ont lieu. Le pays avec la plus grande proportion de sa population déjà dans l’armée en 1914 était la France, avec 11% de ses citoyens déjà soldats. Pendant ce temps, l’Empire russe a la plus grosse armée en nombre absolu, mais cette dernière représente seulement 0,4 % de la population russe. En comparaison, à cette époque, l’armée canadienne est toute petite. Elle ne compte que quelques bateaux et environ 3 110 soldats, alors que sa population est d’environ 8 millions d’habitants.

Cependant, constituer de grosses armées ne contribue pas à préserver la paix. Cela pousse plutôt les nations à craindre leurs voisins.

Les alliances

Au cours du 19e siècle, ainsi qu’au début du 20e, plusieurs pays européens passent entre eux des accords économiques et politiques qui s’avèrent bénéfiques pour les pays impliqués. Par exemple, les alliances militaires assurent une protection supplémentaire et du soutien aux pays menacés. Cependant, certains pays s’entendent parfois sur des termes de ces alliances en secret, ou sans consulter les pays avec qui ils ont déjà un accord.

Tout cela mène à un système très complexe d’alliances qui s’étend à travers l’Europe. Au début de la guerre, deux principales alliances sont en jeu : la Triple-Alliance, constituée de l’Allemagne, de l’Autriche-Hongrie et de l’Italie, ainsi que la Triple-Entente, formée de l’Angleterre, de la France et de la Russie. Les petits pays, comme la Serbie, la Roumanie et la Grèce, tentent quant à eux de se rapprocher des gros joueurs. Or, peu importe l’alliance, si un pays impliqué entre en guerre, tous les membres de l’alliance le suivent.

Une carte des alliances européennes en 1914.

L’impérialisme

Plusieurs empires européens perdent leurs colonies des Amériques au cours des 18e et 19e siècles, mais le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Asie étaient toujours des territoires convoités. Au 19e siècle, plusieurs régions de l’Afrique appartiennent à des puissances européennes telles que la France, la Grande-Bretagne, la Belgique et l’Allemagne. En Asie, plusieurs grands empires tombent aux mains de ces puissances : la dynastie Qing en Chine, l’Empire sikh en Inde, la dynastie Nguyễn au Vietnam, etc. Du côté du Moyen-Orient, l’Empire ottoman contrôle la plupart des points d’entrées des territoires de l’est, et donc l’accès à l’Asie.

Cependant, la conquête de ces territoires ne suffit pas aux empires européens. L’expansion de leur territoire sert à montrer leur puissance et à remplir leurs coffres. Et ils en veulent toujours plus ! À cette époque, l’Empire ottoman est en déclin, alors les nations européennes convoitent ses territoires dans l’espoir de se positionner comme les plus grandes puissances mondiales, peu importe ce qu’il en coûte aux nations d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient.

Une caricature publiée dans Harper’s Weekly, 1885 (Landesbibliothekszentrum Rheinland-Pfalz).

Le nationalisme

Le militarisme et l’impérialisme européens sont souvent renforcés par le nationalisme, la croyance en la supériorité d’une nation et en son droit naturel à la richesse, au territoire et au pouvoir. Cependant, posséder un empire signifie généralement soumettre de plus petites nations et contrôler leurs intérêts, ce qui mène à une autre forme de nationalisme, soit le désir d’émancipation – le reprise du contrôle – de sa nation.

La Serbie, par exemple, n’est pas indépendante en 1914. Elle fait partie de l’Empire austro-hongrois. Le 28 juin 1914, à Sarajevo, en Bosnie, un nationaliste serbe assassine l’archiduc François Ferdinand, le futur roi d’Autriche-Hongrie. L’assassin fait partie d’un groupe extrémiste qui revendique le pouvoir de la Serbie dans les Balkans et le démantèlement de l’Empire austro-hongrois. L’Autriche-Hongrie pense alors que le gouvernement serbe est impliqué dans le meurtre et lui déclare la guerre. C’est l’étincelle qui déclenche la Première Guerre mondiale.

Franz Ferdinand et sa femme Sophie quelques temps avant leurs assassinats (Bundesarchiv).

Comment le Canada se retrouve-t-il impliqué dans ce conflit ?

En raison des alliances conclues entre les nations, lorsque l’Empire austro-hongrois déclare la guerre à la Serbie, plusieurs pays se retrouvent obligés de prendre part au conflit. La Russie, alliée à la Serbie, déclare donc la guerre à l’Autriche-Hongrie. L’Allemagne, alliée de son côté à l’Autriche-Hongrie, intervient et exige une promesse de paix de la Russie et de son alliée, la France. Les Allemands ne reçoivent cependant aucune réponse et déclarent donc la guerre à la Russie le 1er août 1914 et à la France le 3 août 1914.

Le 3 août, en se dirigeant vers la France, l’armée allemande envahit la Belgique. Alliée de la France, la Grande-Bretagne lance un ultimatum à l’Allemagne la sommant de retirer ses troupes et lui rappelant de respecter le traité de 1839 qui garantit la neutralité de la Belgique. Le 4 août, devant le mépris des Allemands, la Grande-Bretagne déclare la guerre à l’Allemagne.

Feuille de musique pour la chanson de guerre patriotique « Our Mother is Calling » (Toronto Public Library).

À cette époque, plusieurs pays européens sont de grandes puissances coloniales. Leur participation au conflit fait en sorte que leurs colonies sont automatiquement impliquées dans la guerre. C’est ce qui explique pourquoi des hommes et des femmes du monde entier prennent part à la Première Guerre mondiale. Bien que les combats se déroulent surtout en Europe, certaines régions de l’Afrique et du Moyen-Orient deviennent également des théâtres de guerre.

Le Canada est un dominion autogéré de l’Empire britannique, mais il n’a pas une autonomie complète ni de contrôle sur ses affaires étrangères. Il est donc obligé de se battre aux côtés de la Grande-Bretagne, qui lui a demandé de déployer 25 000 soldats. Au début de la guerre, le gouvernement canadien croit que la puissance de l’Empire britannique fera en sorte que le conflit sera de courte durée. Il est loin de se douter que les combats dureront quatre longues années et impliqueront 619 636 Canadiens – soit 13 % de la population canadienne !

L’enrôlement

Au déclenchement de la guerre, un grand nombre de Canadiens se dépêchent de s’enrôler. Plusieurs le font par patriotisme et par désir de mener un combat juste contre l’agression de l’Allemagne. D’autres intègrent l’armée parce qu’ils aiment l’idée d’aventure et de voyage. Beaucoup de journaux, d’affiches, de clergés et de politiciens encouragent les hommes à s’enrôler pour accomplir leur devoir envers le pays et le roi.

Recrutement de soldats devant l’hôtel de ville de Toronto, en Ontario (Bibliothèque et Archives Canada).

Ainsi, au début du conflit, les volontaires envahissent les centres de recrutement canadiens. Cependant, en raison des exigences médicales imposées par le gouvernement, les officiers responsables du recrutement refusent beaucoup d’hommes jugés « inaptes » ou « indésirables » pour diverses raisons : leur âge, leur taille, leur historique médical ou même leur couleur de peau. Bien qu’il n’y a pas de politique gouvernementale concernant l’ethnie des volontaires, plusieurs recruteurs adhèrent à la croyance qu’il s’agit d’une « guerre de blancs » et refusent de considérer les Asiatiques, les Autochtones et les Canadiens noirs, alors que d’autres prennent tous les soldats disponibles. La décision d’accepter ou non des membres de ces communautés est donc laissée à la discrétion du recruteur.

Saviez-vous que ?

Selon les archives, le plus jeune Canadien à s’être enrôlé dans le Corps expéditionnaire canadien n’avait que 11 ans ? Le plus âgé en avait 78. Dans les deux cas, ils ont menti sur leur âge pour être pris.

Découvre : Pour certains soldats, l’enrôlement est un processus simple, alors que d’autres doivent se démener et faire preuve d’une grande détermination à se battre pour ce qu’ils considèrent justes, s’ils veulent intégrer l’armée. Découvrons l’histoire de certains de ces hommes pour en apprendre plus.

Études de cas de régiments