Avancements médicaux

La dévastation causée par les nouvelles armes durant la Première Guerre mondiale a mené à de nombreuses innovations médicales qui sont toujours utilisées aujourd’hui. Les chars d’assaut, le chlore gazeux, les mitrailleuses et la vie dans les tranchées infestées de maladies ont tous contribué au besoin d’avancées médicales pour traiter les infections et sauver des vies. Des millions de personnes sont tuées au cours de la Première Guerre mondiale. Pendant la guerre, 20 000 amputations environ ont dû être pratiquées, un grand nombre d’entre elles causées par des infections contractées dans les tranchées. L’anesthésie, les antiseptiques, les transfusions sanguines, la chirurgie de reconstruction faciale et les appareillages de radiographie mobiles sont nés de la nécessité de traiter des millions de personnes blessées par les armes dévastatrices et dangereuses de la Première Guerre mondiale.

Marie Curie et la radiologie

Bien qu’en 1914 plusieurs hôpitaux étaient déjà équipés d’appareils de radiographie, ces derniers étaient toujours loin des champs de bataille. Marie Curie (qui a remporté le prix Nobel pour sa découverte du radium) et sa fille ont créé des services militaires de radiologie et amené ces appareils au front dans des voitures transformées en fourgons à rayons X appelées les «petites Curies». Cette technologie a permis aux médecins de radiographier les blessures directement au front, et donc de voir les éclats d’obus et les balles. Ils pouvaient alors les retirer, ce qui sauva de nombreuses vies. 

(Photo : Bibliothèque nationale de France)

Les anesthésiques

Au déclenchement de la Première Guerre mondiale, l’anesthésie était une pratique dont les techniques et les méthodes variaient d’une institution à l’autre. Elle s’est adaptée et s’est développée rapidement, grâce à de nombreux chefs de file qui ont noté les différentes conditions et contribué à y apporter des changements. Elle donne aussi lieu à la création d’une sous-spécialité pour les médecins et les infirmières.

Le capitaine Arthur Guedel, par exemple, a aidé à définir les étapes de l’anesthésie dans le but de former les anesthésiologistes et les infirmières. La création de postes spécialisés d’anesthésiologistes a également permis d’accroître le soutien et la recherche en matière de transfusion sanguine et de réanimation, indispensable dans le cadre du traitement des victimes de chocs. Aussi, en 1915, à l’American Ambulance Hospital, le Dr. George Crile et l’infirmière Agatha Hodgins montrent à leurs collègues comment utiliser un mélange de protoxyde d’azote et d’oxygène pour anesthésier les patients. Cette méthode sera entre autres utilisée pour les chirurgies reconstructives.

(Image : Wellcome Library)

Antiseptiques et autres médicaments

Un certain nombre de médicaments ont été développés en temps de guerre. Par exemple, en 1915, Henry Dakin, un biochimiste britannique, met au point une solution d’hypochlorite de sodium, qui tue les bactéries dangereuses sans brûler la chair. Il l’utilisait pour ouvrir les plaies et les rincer, avant qu’elles ne soient refermées par suture, brûlure ou amputation. La technique est devenue connue sous de « méthode Carrel-Dakin », et elle a été adoptée par les médecins de toute l’Europe pendant la guerre. La morphine est aussi devenue très populaire à cette époque, puisqu’elle permettait de soulager la douleur et laisser les grands blessés mourir sans souffrance. Les infirmières devaient être formées et prêtes à administrer ces antiseptiques, anesthésiques et autres médicaments en cas de besoin.

(Photo : Alexander Fleming Laboratory Museum)

Les transfusions sanguines

C’est au début du 20e siècle que des médecins commencent à explorer les avantages que présentent les transfusions sanguines chez les humains. Avant la Première Guerre mondiale, le Dr. Edward Archibald, de Montréal, et le Dr. Lawrence Bruce Robertson, de Toronto, s’y étaient intéressés de manière indépendante, puis en avaient pratiqué sur leurs patients dans leurs hôpitaux respectifs. Au déclenchement de la guerre, ces deux Canadiens s’enrôlent et réalisent rapidement les avantages que représentent les transfusions sanguines pour soigner les patients en hémorragie et en choc. Ils continuent leurs recherches pour faire avancer le domaine.

L’été suivant, le médecin américain Oswald Hope Robertson est en mesure de présenter la recherche qu’il a effectuée sur la préservation du sang et son adaptation en vue de sa transfusion sur un champ de bataille. Il crée aussi la première banque de sang. En somme, les recherches effectuées par ces trois hommes ont une incidence considérable sur la guerre, mais également sur la pratique de la médecine et de la chirurgie en général. Nous bénéficions encore aujourd’hui de ces innovations.

(Photo : Science Museum London)

Les prothèses

Avec l’invention de la première jambe artificielle par Benjamin Franklin Palmer en 1847, le monde de la réadaptation médicale change à tout jamais. Les blessures causées par l’artillerie et la gangrène subséquente ont donné lieu à plusieurs amputations. Toutefois, bien que les soldats amputés ne puissent jamais se rétablir complètement, les prothèses ont considérablement amélioré leur mobilité et leur qualité de vie. Les infirmières ont donc également agi comme physiothérapeutes auprès des soldats faisant usage de prothèses.

(Image : British Pathé)

Les traumatismes dûs aux bombardements

Les infirmières sont d’une certaine façon les pionnières des soins de santé mentale. Leurs attentions et leur soutien moral permettent aux soldats de parler des horreurs dont ils ont été témoins sur les champs de bataille. Quelques infirmières avaient également suivi une formation en travail social ou en psychiatrie, ce qui leur était utile pour aider les soldats à rentrer chez eux et à surmonter leurs expériences.

(Photo : National Museum of Health and Medicine)

 

 

Le traitement des blessés pendant la Première Guerre mondiale

Images : BAC-LAC, Imperial War Museum, Michel Italien