Pourquoi devenir infirmière militaire
À l’époque, fournir les soins de base aux patients incombait aux femmes, car les hommes médecins jugeaient cette tâche indigne d’eux. Au milieu du 19e siècle, les hôpitaux employaient principalement des filles sans instruction au poste d’infirmière ce qui, par conséquent, leur a mérité une mauvaise réputation. Des femmes inspirantes, telles que Florence Nightingale, leur ont fourni une éducation formelle en plus de les faire participer à des oeuvres de charité. Conséquemment, en 1905, 65 écoles partout au Canada offrent une formation d’infirmière, même s’il était toujours difficile de le devenir. En effet, la faible rémunération, les mauvaises conditions de travail et la pression exercée sur les femmes qui, une fois mariées, devaient quitter le marché du travail entravaient la rétention des infirmières.
1639
En 1639, les sœurs augustines arrivent à Québec pour y fonder le premier hôpital d’Amérique du Nord. 11 ans plus tard, elles accueillent la première postulante née dans la colonie et elles commencent à former de nouvelles infirmières. Au cours des siècles suivants, l’Église catholique demeure la principale prestataire de soins de santé de la province du Québec. Image : Les Augustines en 1639 (Éditions de l’Hôtel-Dieu)
1854
Florence Nightingale arrive à Constantinople en 1854; elle y trouve des hôpitaux militaires en mauvais état. Ses méthodes ont rapidement accru le taux de survie des patients. Après la guerre, elle fonde l’institut Nightingale Training School pour infirmières et devient une pionnière dans la reconnaissance de la profession.
Image : Florence Nightingale (Wellcome Library)
1874
La première école d’infirmières au Canada ouvre ses portes en 1874, à l’hôpital General and Marine Hospital à St Catharines, en Ontario. Elle suit le modèle de l’institut de Florence Nightingale.
Image : Les infirmières devaient prêter le serment de Nightingale à la fin de leur formation.
(Wellcome Library)
1885
La première fois que des infirmières canadiennes participent officiellement à un conflit armé, c’est lors de la rébellion du Nord-Ouest, en 1885. En 1899, douze infirmières servent dans la guerre des Boers en Afrique du Sud.
(Image : The Battle of Cut Knife, lithographie contemporaine tirée de The Canadian Pictorial and Illustrated War News de 1885)
.
1901
En 1901, le Corps médical de l’armée canadienne intègre officiellement les infirmières militaires à ses effectifs. Le Canada devient le premier pays où les infirmières obtiennent des rangs militaires et une paye conséquente.
Photo : Infirmières pendant la guerre des Boers (BAC-LAC)
.
Le serment de Florence Nightingale
«Je m’engage solennellement devant Dieu et en présence de cette assemblée, à mener une vie intègre et à remplir fidèlement les devoirs de ma profession. Je m’abstiendrai de toute pratique délictueuse ou malfaisante. Je ne prendrai ou n’administrerai volontairement aucun remède dangereux. Je ferai tout pour élever le niveau de ma profession et je garderai, avec totale discrétion, les choses privées qui me seront confiées et tous les secrets de famille que la pratique de mon service me feraient éventuellement connaître. J’aiderai de mon mieux le médecin dans son travail, et je me dévouerai au bien-être de ceux qui sont laissés à ma garde.»
Au déclenchement de la Première Guerre mondiale, en 1914, l’armée a rapidement eu besoin de plus de 2 500 infirmières. Au cours des deux guerres mondiales, le Canada a été le seul pays dont l’armée a enrôlé des infirmières. On leur donnait le rang de lieutenant, et elles touchaient 2 $ par jour, soit le double du salaire d’un soldat de tranchée. À l’époque, une infirmière civile de l’Hôpital général de Montréal gagnait habituellement moins de 0,50 $ par jour.
Identités multiples
Au début du 20e siècle, le rôle des femmes dans la société est en plein changement. Étant donné que les infirmières sont presque toutes célibataires, plusieurs idées préconçues ayant vu le jour les dépeignent comme des saintes ou des matrones, ou les idéalisent. Ces rhétoriques sont perpétuées par des patients reconnaissants des soins qu’ils reçoivent. Les infirmières militaires, surnommées « bluebirds » (oiseaux bleus) en raison de la couleur de leur uniforme, retournent au Canada avec un sentiment accru de fierté et une meilleure reconnaissance de leur rôle. Leur courage et leur compassion leur valent l’admiration de plusieurs soldats qui les surnomment affectueusement « soeurs de miséricorde » ou « anges de miséricorde ». En 1926, un mémorial dédié aux infirmières militaires ayant servi durant la Première Guerre mondiale est érigé dans le Hall d’honneur du Parlement du Canada, à Ottawa.
Près du front, aux postes d’évacuation sanitaire, les seules femmes présentes sont infirmières. Les soldats blessés leur confient leurs peurs et leurs espoirs; elles leur apportent un support moral. Plusieurs familles trouvent du réconfort dans les lettres que les infirmières avaient écrites au nom des blessés vers la fin de leur vie. Elles s’enrôlent par patriotisme et pour assouvir leur besoin d’aider. Elles n’approuvent parfois pas le concept de la guerre, mais comme elles le feraient dans le contexte de n’importe quelle catastrophe naturelle, elles veulent prendre soin des victimes de ce conflit.
Les infirmières canadiennes, contrairement à celles de certains autres pays, sont sous le contrôle direct de l’armée et détiennent le rang militaire de lieutenant. Les femmes qui se portent volontaires servent sous plusieurs bannières. Parmi elles, certaines sont des professionnelles, comme les infirmières, et d’autres n’avaient suivi qu’une formation limitée, comme les infirmières du Détachement d’aide volontaire (DAV). Certaines s’enrôlent dans les Forces armées, tandis que d’autres oeuvrent au sein d’organismes tels que la Croix-Rouge. La coordination de tous leurs efforts en vue de travailler en équipe est de toute évidence une expérience éprouvante et difficile.
Les activités sociales sont restreintes par les environs et la situation des militaires, puisque les infirmières canadiennes en uniforme ne peuvent fréquenter que des officiers. Les infirmières britanniques, quant à elles, ne peuvent fréquenter que le personnel subalterne. Les infirmières des hôpitaux militaires fixes peuvent organiser des activités sociales pour les soldats, mais les rapprochements ne sont pas favorisés à l’extérieur du cadre de ces activités. Les règles relatives au mariage et aux congés au pays ne sont pas les mêmes pour les infirmières que pour les soldats. Les femmes peuvent obtenir la permission de retourner à la maison pour répondre à des problèmes familiaux, tandis que les hommes sont forcés de rester au front.