Cynthia Oakley – Officière du CWAC


Originaire de Toronto, Cynthia Oakley est l’une des nombreuses femmes canadiennes à s’engager au sein du Service féminin de l’Armée canadienne, lors de la Deuxième Guerre mondiale. Par son service, au Canada et en Europe, elle ouvrit le chemin pour une plus grande place des femmes dans l’armée.

Lorsque la Deuxième Guerre mondiale fut déclenchée, les Canadiennes étaient désireuses d’aider, mais avaient alors peu d’occasions de le faire. La Torontoise Cynthia Oakley, toutefois, était décidée à faire sa part. Au début de la guerre, l’Angleterre offrait plus d’occasions pour les femmes à s’enrôler. En effet, à partir de 1938, l’armée britannique fonda le Auxiliary Territorial Service, qui permit aux femmes de participer aux affaires militaires dans des rôles de non-combattants. Lorsque la guerre fut déclarée, Oakley réserva ainsi son billet sur l’un des derniers navires de ligne traversant l’océan et trouva éventuellement un emploi de secrétaire au Quartier général de l’Armée canadienne. Selon un article de journal de l’époque, elle occupait toujours ce poste en date de septembre 1942.

Un mois plus tôt, le 19 août 1942, le Canada participa au raid de Dieppe : l’un des plus grands désastres militaires de son histoire. Le frère de Oakley, le capitaine Rupert, fut malheureusement tué là-bas. Comme le spécule un article du Montreal Gazette, publié le 21 août 1943, c’est peut-être cet événement qui poussa Cynthia à s’inscrire à un cours de formation des officiers pour l’armée britannique. Ou peut-être était-ce simplement son ambition personnelle à contribuer davantage dans l’effort de guerre ? Néanmoins, elle devient l’une des premières Canadiennes à servir comme officier d’état-major. Comme son frère, elle reçoit le grade de capitaine.

Le Service féminin de l’Armée canadienne

La création du Service féminin de l’Armée canadienne (Canadian Women’s Army Corps ; CWAC) fut autorisée par le gouvernement canadien le 13 août 1941, des années après que Oakley partit pour la Grande-Bretagne. Initialement, les membres du CWAC se voyaient affectées à des tâches qui correspondaient aux notions traditionnelles de féminité, comme le travail administratif et les tâches ménagères. Au fil du temps, toutefois, elles commencèrent à adopter des rôles plus actifs : certaines devinrent mécaniciennes, d’autres opératrices radar et ainsi de suite.

Les soldates Brymer et Lowry effectuent l’entretien de leur véhicule en Angleterre, le 7 juillet 1944 (source : Bibliothèque et Archives Canada).
Des membres du CWAC se pratiquent au champ de tir (source : Bibliothèque et Archives Canada).
Des recrues s’apprêtent à rentrer dans une chambre à gas au camp d’entraînement de Vermilion en Alberta, en juillet 1943 (source : Bibliothèque et Archives Canada).

Sa mission en Italie

Au moment où Oakley devint officier, le gouvernement canadien avait déjà autorisé la création du CWAC. La plupart des 22 000 femmes qui s’enrôlèrent dans le CWAC servirent au Canada, mais Oakley fut chargée de la première unité canadienne à être stationnée en Europe continentale. En effet, en juin 1944, Oakley mène un premier groupe de femmes canadiennes dans une mission en Italie. Son unité était alors composée de dix-sept femmes provenant des quatre coins du Canada et ayant reçu une formation de radiotélégraphiste, de sténographe, de commise ou de standardiste. À cet effet, cette mission semble avoir été la deuxième pour les CWAC en Italie. En effet, le 16 mai 1944, un premier groupe de quatre femmes sont envoyées pour une fonction bien particulière : elles étaient de musiciennes envoyées distraire les troupes.

La mission principale de Oakley et de son groupe était de remplacer des employés du Quartier Général canadien qui seraient transférés plus loin dans le front. Dans les faits, toutefois, leurs responsabilités étaient variées. Par exemple, à leur arrivée à Rome, une de leurs premières tâches fut d’enlever les photos de Mussolini dans l’ancien bâtiment du ministère de l’Air italien.

Des années avant la guerre, Oakley passa quelques mois en Italie pour apprendre l’Italien. Confortable dans la langue, elle entreprit d’apprendre à ses collègues l’Italien afin de les aider à naviguer là-bas. En dehors de leur travail, les membres du CWAC avaient effectivement le loisir de se promener à Rome – alors fraîchement libérée depuis un an à peine par les troupes alliées. Cynthia mentionna ainsi que l’une de ses expériences les plus marquantes fut d’assister à une messe de minuit à la Basilique Saint-Pierre.

Une autre expérience l’a probablement aussi marqué. Là-bas, Cynthia retrouva sa sœur Helen après s’être séparée durant cinq ans. Selon la presse, Helen se serait engagée avec le Women’s Army Corps américain et fut envoyée elle aussi en Italie, au même bureau que Cynthia. Un heureux hasard des choses ! 

À droite : Un article concernant Cynthia Oakley dans l’édition du 16 février 1945 du Toronto Daily Star (source).

L’équipe de la capitaine Oakley débarque à Naples, le 22 juin 1944 (source : Bibliothèque et Archives Canada).

Ouvrir le chemin

La capitaine passa un an au total en Italie, avant de retourner au Canada. Son retour marqua ainsi la fin d’un périple de cinq ans et demi en Europe. Toutefois, elle n’abandonna pas sa carrière militaire pour autant : à son retour, elle fut stationnée à Ottawa à la Direction de l’instruction militaire.

Durant la Deuxième Guerre mondiale, le travail de membres du CWAC, telles que Cynthia Oakley, a démontré que les femmes pouvaient jouer un rôle actif dans l’armée et a ouvert la voie aux soldates d’aujourd’hui. Grâce à l’initiative de ces milliers de femmes courageuses, le chemin pour l’inclusion des femmes dans l’armée fut finalement ouvert.

Photo de couverture : Des membres du CWAC arrivent en Italie (source : Galt Museum & Archives on The Commons).

Réimprimé ici avec l’autorisation de Valour Canada dans le cadre d’une collaboration entre JMS et Valour Canada. Pour voir d’autres articles comme celui-ci, consultez leur bibliothèque d’histoire militaire (en anglais seulement). Texte modifié et enrichi par Julien Lehoux, le 15 septembre 2025, pour Je me souviens.

Sources :

Cynthia Oakley a été fréquemment couverte dans les médias canadiens durant la guerre. Ces articles peuvent être consultés en ligne, comme ceux-là :

Finalement, consultez l’article original sur Valour Canada.


Cet article fut publié dans le cadre de notre exposition sur la campagne d’Italie : À travers les vignes et les mines. Consulter notre exposition pour en apprendre davantage sur l’histoire des Canadiens ayant combattu en Italie !