LES SOINS MÉDICAUX ET PSYCHOLOGIQUES
LES SOIGNANTES
Avec le commencement de la guerre, le Canada ouvre pour la première fois le recrutement des infirmières pour les trois branches de l’armée. De fait, dès les premières années, des milliers de femmes sont recrutées et déployées en Europe pour aider les troupes. Les premières infirmières canadiennes arrivent en Sicile seulement quelques jours après le début de l’invasion, et leur nombre ne fait qu’augmenter au fil de la campagne, à mesure que les blessés s’accumulent.
Puisque leurs missions sont en zones actives de combats, le travail des infirmières demeure énormément dangereux. Ces dernières doivent porter en tout temps des casques, des uniformes de combat et de lourds sacs à dos. Malgré ces précautions, le danger est présent partout. Le 2 septembre 1943, à Catane, en Sicile, un obus ennemi tombe sur l’un des hôpitaux et blesse 12 infirmières. Deux mois plus tard, le 6 novembre, la Luftwaffe attaque un convoi allié et coule le Santa Elena, qui transporte alors 1 848 soldats et 101 infirmières canadiennes. Heureusement, les passagers du navire sont sauvés par la suite et les femmes s’en sortent indemnes.
En Sicile et en Italie, les infirmières sont réparties dans plusieurs hôpitaux de campagne, parfois installés dans des tentes ou des bâtiments en ruine. L’objectif est alors d’avoir des espaces mobiles et aménagés le plus proche possible du front pour y accueillir les blessés. Malheureusement, les patients sont nombreux et les ressources manquent. À Ortona, une clinique reçoit plus de 2 000 patients, dont 760 cas graves, seulement durant le mois de décembre 1943 !
Les infirmières au front travaillent ainsi de très longues heures à tenter de remettre sur pied le plus de soldats possible. Toutefois, elles se retrouvent aussi avec une responsabilité inattendue : celle de réconforter les patients. En effet, pour énormément d’hommes, l’attention qui leur est donnée est une grande source de confort qui les aide à surmonter les blessures les plus graves. Que ce soit en les écoutant, en les encourageant ou en plaisantant avec eux, les infirmières déployées au front réussissent ainsi à rendre un peu plus supportable une situation malheureuse.
Maxine Llewellyn Bredt : une Canadienne en Italie
Maxine Llewellyn Bredt s’enrôle dans l’armée en janvier 1944 et est envoyée peu de temps après au 14e hôpital général canadien dans la ville de Pérouse, en Italie. Installée dans une vieille usine de tabac, elle a dû « […] se débrouiller » en notant qu’elle et ses camarades ne « […] se plaignaient jamais ». Bredt est en poste en Italie jusqu’en 1945, puis elle est transférée en Grande-Bretagne dans une unité pour grands brûlés. Selon elle, c’est l’une de ses expériences les plus difficiles. Pendant 43 ans, Bredt continue de travailler avec les vétérans en faisant du bénévolat à l’hôpital Saint-Anne. En récompense de ses services, elle devint le visage des célébrations commémoratives de la campagne d’Italie en 2019.
LES SOIGNÉS
À mesure que la campagne avance, le nombre de décès et de soldats blessés augmente sans cesse. Les combats étant principalement menés dans des centres urbains, les risques de blessures sont d’autant plus grands. Après tout, les bâtiments sont piégés, les routes sont bloquées et l’ennemi est caché. Cela est sans mentionner que chaque balle et obus provoque des éclats qui peuvent blesser les soldats. À la conclusion de la campagne d’Italie, l’armée canadienne dénombre plus de 26 000 pertes, dont près de 5 300 décès. Lors de la bataille d’Ortona, l’armée canadienne voit son plus grand nombre de pertes avec 1 375 tués et 964 blessés.
En revanche, l’armée canadienne ne subit pas seulement des blessures physiques. Si les termes comme « battle stress », « battle fatigue » et « shell shock » sont connus dès la Grande Guerre, c’est surtout pendant la campagne d’Italie que l’on remarque les effets des combats sur la santé mentale des soldats. Durant trois semaines, par exemple, le psychiatre de l’armée canadienne, le major Arthur Doyle, rencontre près de 600 patients à lui seul ! Cependant, les traitements pour les maladies mentales ne sont pas toujours pris au sérieux, et ce, malgré l’intensité des combats. La campagne prend plus de temps à se conclure que prévu et l’armée canadienne a continuellement besoin de soldats au front. De fait, il devient malheureusement coutume de renvoyer au combat plusieurs des soldats traumatisés, après seulement un court répit.
Le Service féminin de l’Armée canadienne
Le 13 août 1941, après avoir fait l’objet de pressions de la part de femmes à travers le pays, le gouvernement canadien forme le Service féminin de l’Armée canadienne qui vise à entraîner les femmes canadiennes dans plusieurs rôles auxiliaires : en mécanique, en administration, en cuisine et en art. Bien que les Canadiennes aient participé à des campagnes militaires en tant qu’infirmières depuis la Rébellion du Nord-Ouest (1885), c’est la première fois qu’elles sont autorisées à jouer un rôle plus important dans les opérations militaires. Les femmes peuvent être formées et travailler dans 55 métiers différents, remplaçant souvent les hommes dans des tâches administratives ou ménagères afin qu’ils puissent être envoyées au front. La grande majorité des quelque 21 000 femmes recrutées restent au Canada, mais 3000 ont servi en Angleterre et quelques-unes d’entre elles sont envoyées en Europe. Les premières Canadiennes à se rendre au front, quatre femmes envoyées pour participer aux spectacles organisés par l’armée, débarquent ainsi en Italie le 16 mai 1943. Le 22 juin 1944, 39 autres femmes arrivent à Naples où elles travaillent dans les bureaux de l’État-Major canadien.
Photo 1 : Des membres du Service débarquent à Naples (source : Bibliothèque et Archives Canada).
Photo 2 : Des artistes se préparent dans leur caravane à Ortona, le 3 février 1944 (source : Bibliothèque et Archives Canada).