Durant la Deuxième Guerre mondiale, qui dura près de cinq ans et demi, plus d’un million de Canadiens et Canadiennes servirent dans l’Atlantique Nord, en Italie, à Hong Kong, aux Pays-Bas, en France et en Allemagne. Au total, un sur onze y prit part et 42 000 furent tués (22 917 dans l’armée, 17 101 dans l’aviation et 2 024 dans la marine). Ce fut une guerre longue et pénible dont la fin était espérée depuis longtemps. Lorsque le jour de la Victoire en Europe fut déclaré le 8 mai 1945, de joyeuses célébrations battirent leur plein dans les rues et les quartiers du monde entier.
La capitulation de l’Allemagne ne fut pas une surprise pour les Alliés; des premiers rapports et des rumeurs voulant que l’Allemagne se rendrait après la mort d’Adolf Hitler circulaient déjà avant le début des célébrations officielles. La nouvelle parvint au Canada le 7 mai 1945. Le premier ministre Mackenzie King, qui était à San Francisco ce jour-là, écrit dans son journal : « La journée d’aujourd’hui a été bonne, heureuse même… elle a considérablement réduit notre fardeau du fait que le militarisme nazi a enfin été détruit ». Mais tous n’étaient pas au pays pour célébrer. Quelque 200 000 membres de la Première Armée canadienne étaient toujours sur le continent européen le jour de la Victoire en Europe. De plus, 19 escadrons de chasseurs et de chasseurs bombardiers de l’Aviation royale canadienne (ARC), de même que 250 navires de guerre de la Marine royale canadienne (MRC), étaient à l’étranger au moment où la victoire en Europe fut officiellement déclarée. Des centaines de ces militaires de la marine et de l’aviation se joignirent aux festivités en Grande-Bretagne et en France.
De nombreuses villes européennes, surtout en Angleterre, avaient été plongées dans le noir pendant près de cinq ans sans interruption en raison de la menace imminente des raids aériens ennemis. Le jour de la Victoire en Europe, les lumières purent de nouveau briller, ce qui ajouta à l’enthousiasme général. Les magasins fermèrent pour faire place aux défilés, aux concerts, à la chanson et à la danse. George « Sparks » Shaker, bénévole civil dans la marine marchande canadienne, se retrouva à Londres le jour de la Victoire en Europe, après quatre ans de détention comme prisonnier de guerre dans un camp allemand. Il avait été libéré quelques semaines seulement auparavant, et le hasard voulut qu’il fasse escale à Londres en retournant au Canada. Dans son journal, on peut lire : « La population entière de Londres était en liesse. Les hommes et les femmes s’embrassaient et s’étreignaient. Montée sur des statues et des lampadaires, et du haut des fenêtres, une mer de monde criait sa joie. » Shaker se rappelle aussi la splendeur avec laquelle brillaient les lumières de Londres ainsi que la générosité que lui manifestèrent de parfaits inconnus.
Malgré l’allégresse ambiante, les millions de décès et les horreurs de la guerre tempérèrent l’enthousiasme de plusieurs. Des communautés de partout au Canada furent durement éprouvées par la perte tragique de jeunes hommes et femmes. Beaucoup de personnes devinrent veuves. Dans la petite ville de Sackville, au Nouveau-Brunswick, 350 hommes s’étaient enrôlés – dix pour cent de la population; de ce nombre, 33 perdirent la vie. Pour les résidents de nombreuses municipalités, le jour de la Victoire en Europe devint un jour de commémoration et de réflexion plutôt que de célébration.
Toutefois, la guerre n’était pas encore terminée. Il restait des zones de résistance. En fait, les soldats canadiens poursuivirent leur mission de libérer les Pays-Bas des derniers vestiges de l’occupation allemande, et la guerre continuait de faire rage dans le Pacifique. Le premier ministre King prit la parole à la radio pour rappeler à ses concitoyens canadiens que « l’empire nazi [n’était] plus, mais [que] nous [devions] combattre le militarisme japonais jusqu’à la victoire complète. » Pendant ce temps, les fabricants canadiens continuaient de produire du matériel de guerre pour aider à combattre les Japonais.
La participation du Canada dans la Deuxième Guerre mondiale fut coûteuse. En plus des 42 000 militaires qui périrent, 54 000 furent blessés et 1 600 bénévoles civils de la marine marchande sacrifièrent leur vie pour la cause. Pour ceux qui retournèrent au pays après leur service à l’étranger, l’expérience représentait un chapitre clos, autant dans leur propre vie que dans l’histoire du Canada; ils se réjouissaient de pouvoir enfin bâtir une vie normale et plus belle pour eux-mêmes, et une meilleure nation pour le peuple canadien.
Réimprimé ici avec l’autorisation de Valour Canada dans le cadre d’une collaboration entre JMS et Valour Canada. Pour voir d’autres articles comme celui-ci, consultez leur bibliothèque d’histoire militaire (en anglais seulement).
Pour en savoir plus :
- Pour en savoir plus sur les célébrations de la Victoire en Europe, lisez « Souvenir du jour de la Victoire en Europe », de l’Encyclopédie canadienne, ou « The Nightmare is Over » (en anglais), de CBC. Remarque : l’article de la CBC comprend également des enregistrements audio de commentaires radio et de Canadiens racontant leur expérience.