Sa jeunesse
Léo Major naît au Massachusetts en janvier 1921 au sein d’une famille canadienne-française. À l’époque, beaucoup de familles québécoises avaient migré vers le nord-est des États-Unis (en Nouvelle-Angleterre) afin de trouver du travail. La famille de Léo Major était très pauvre et, toujours en recherche d’un travail stable, ils reviennent à Montréal seulement quelques temps avant son premier anniversaire. La jeunesse de Léo Major n’était pas particulièrement stable. Avant de se joindre à l’armée en 1940, il vécut plusieurs années auprès de membres de sa famille sur une terre agricole, par exemple. Et sa relation avec son père n’a jamais été des plus harmonieuses, le poussant alors vers ces déménagements.
Deuxième Guerre mondiale
En 1940, Léo Major rejoint l’armée canadienne. Désireux de rejoindre les combats le plus rapidement possible, il décide de ne pas rejoindre le 22e de Valcartier, sous l’impression que le Régiment de la Chaudière sera envoyé en Europe continentale en premier.
Il arrive en Normandie en compagnie du Régiment de la Chaudière le 6 juin 1944 – le fameux Jour-J. Comme de nombreux soldats canadiens, Léo Major se retrouve plus précisément sur la plage de Juno. Là-bas, il sera tout d’abord envoyé en mission de reconnaissance. À ce moment, il réussit à capturer l’entièreté d’un véhicule de transport de soldats armés.
La progression sur les côtes normandes continue, et Major réussit, quatre jours plus tard, a intercepté par lui-même une patrouille SS de quatre soldats. Malheureusement, l’un d’entre eux réussit à détoner une grenade de phosphore avant de mourir, causant à Léo Major de perdre l’usage d’un œil. Cela ne l’arrêtera pas, puisqu’il continuera comme patrouilleur et tireur de point au sein des forces alliées.
Durant la Bataille de Scheldt (dans la province du Zélande, au Pays-Bas, du 2 octobre au 8 novembre 1944), Major est assigné à une mission de reconnaissance. Un groupe de recrues a disparu, et son collègue, Wilfrid Arsenault, et lui sont responsables de découvrir la raison. Son collègue tombe malade et Major se retrouve seul à s’occuper de cette mission. Sur son chemin, il trouve l’équipement abandonné, convenant alors que la compagnie de recrues a probablement été capturée par l’ennemi. Par la suite, il observe deux soldats allemands en train de marcher près de sa localisation, alors qu’il se cachait des intempéries au sein d’une petite maison. Il capture le premier et l’utilise afin de capturer le deuxième. Ses deux prisonniers derrière lui, il réussit à faire capituler le commandant d’une compagnie, capturant alors une centaine de soldats SS. Sous les feux des troupes allemandes, Major escorte ses prisonniers jusqu’aux lignes canadiennes. 7 d’entre eux tombent sous les balles et 93 soldats sont alors pris prisonniers par les Canadiens.
Selon certaines sources, cet acte lui vaut la médaille de conduite distinguée. En revanche, Major refuse de la recevoir. Il considère le Général Montgomery incompétent à donner de telle médaille. Le tout n’est, cependant, pas confirmé.
Zwolle
Le Régiment de la Chaudière continue d’avancer au travers les Pays-Bas en avril 1945, approchant alors la ville de Zwolle. Le 13 avril, Major et le caporal Arsenault se portent volontaires afin de faire une mission de reconnaissance sur la ville de Zwolle. Ils proposent même d’essayer de reprendre la ville par eux-mêmes. Afin de découvrir la localisation des allemands, le duo s’est réfugié au sein d’une maison de campagne. Malheureusement, leur localisation est compromise et ils sont attaqués par les soldats allemands. Arsenault décède à ce moment. Lors d’une entrevue par après, Major avoue que la mort de son ami le rend furieux. Il tue alors deux des soldats allemands qui les attaquent et continue son chemin vers la ville de Zwolle.
Major attaque la ville au courant de la nuit. L’ampleur de son attaque fait croire à la présence d’une armée complète, et non d’un seul homme. Avant les premières lueurs du matin, la ville de Zwolle est libérée des forces allemandes et Major contacte alors la Résistance néerlandaise. Il retourne au camp avec le corps de son ami.
Les événements de Zwolle lui valent alors la Médaille pour conduite distinguée en 1945. Encore aujourd’hui, Léo Major est considéré comme un héros dans la ville de Zwolle, célébré chaque année au sein de la ville. Son fils expliquera d’ailleurs en entrevue qu’il est encore reconnu aujourd’hui par de nombreux Hollandais pour être le fils du libérateur.
Corée
À la fin des hostilités de la seconde guerre, Major revient vivre à Montréal. Il y vit sa vie en tant que tuyauteur. Quelques années plus tard, la Guerre de Corée (1950-1953) débute. Il sera alors rappelé par le gouvernement canadien afin de joindre le Commandement des Nations Unies en Corée afin de combattre les mouvements communistes en Corée. Il rejoint donc le peloton d’éclaireurs et tireurs d’élite du 2e bataillon du Royal 22e régiment.
Il participe à la Première Bataille de Maryang San. Au courant de cette bataille, les forces américaines et les forces chinoises se battent afin d’obtenir le point stratégique de la Côte 355 (Little Gibraltar). Les forces communistes repoussent les forces américaines de la côte entre le 2 et le 4 novembre 1951, voulant garder cette partie du territoire à la suite de la trêve. Ils se tournent alors vers la côte 227. Cela leur permet d’entourer les forces canadiennes. Léo Major est donc envoyé, menant une équipe d’élite composée de 18 hommes, afin de faire bouger la position chinoise. En pleine nuit, ses hommes et lui s’incrustent au sein des lignes ennemies. Ouvrant donc le feu, la panique prend au sein des forces chinoises. Ils réussissent à repousser les divisions chinoises, et gardent la côte 227 à eux seuls pendant plus de trois jours.
À la suite de ces événements, il reçoit une deuxième Médaille pour conduite distinguée.
Fin de vie
Léo Major termine sa vie presque dans l’anonymat, retournant à sa vie normale après ses exploits militaires. Il se marie à Pauline de Croiselle en 1951. De ce mariage, ils auront quatre enfants. Il décède en 2008. Encore aujourd’hui, sa statue trône dans la ville de Zwolle et plusieurs passages routiers sont nommés en son honneur, autant au Pays-Bas qu’au Québec. Une autoroute porte aussi son nom, reliant la ville de Québec à Valcartier.
Article rédigé par Aglaé Pinsonnault pour Je Me Souviens.
Sources :
Pour une approche plus académique :
- Luc Lépine, Léo Major, un héros résilient, Montréal, Hurtubise, 2019, 256 p.
- Robert Fowler, « Leo Major, DCM and Bar », Canadian Military History, vol. 5, no. 1, 1996, pp. 79-84. (en anglais). Aussi publié avec le Canadian Army Journal (en anglais).
Cet article, en anglais, de la CBC offre une perspective très intéressante de la vie de Léo Major et de sa réputation au Québec. Plusieurs belles photos s’y retrouvent aussi ! Si vous êtes intéressés, le site Defining moments Canada détient aussi un article interactif très bien construit sur la carrière militaire de Léo Major (en anglais).