Miriam Freedman – Une vie sur les routes de guerre


De 1939 à 1945, Freedman fit son service dans l’armée : d’abord avec la Grande-Bretagne, puis avec le Canada. Loin d’un parcours commun, son service représente tout de même le chemin incroyable que plusieurs femmes canadiennes entreprirent durant la Deuxième Guerre mondiale. Découvrez-le dans l’article suivant !

Très peu de personnes au Canada peuvent se vanter d’avoir été dans l’armée durant presque toute la Deuxième Guerre mondiale. Et encore, très peu d’entre eux peuvent aussi se vanter de l’avoir fait parmi deux armées complètement différentes ! Pourtant, c’est le cas de la montréalaise Miriam “Mimi” Freedman qui est possiblement l’une des femmes canadiennes ayant servi le plus longtemps dans l’armée durant la guerre !

Son service militaire avec la Grande-Bretagne

Née à Montréal le 2 mars 1911, Miriam est, de par sa mère, issue de l’une des plus vieilles familles juives d’Amérique du Nord, les Hart. En 1920, sa famille déménage en Belgique. Toutefois, lorsque Adolf Hitler saisit le pouvoir en Allemagne en 1933, son père prend la décision de bouger toute sa famille en Grande-Bretagne, pour leur sécurité. Nous connaissons tous le reste de l’histoire : de 1933 à 1939, les Nazis multiplient les crimes haineux contre la population juive d’Europe et les tensions montent de plus en plus. Le paroxysme est atteint en 1939 avec l’invasion de la Pologne. Ainsi, quelques jours plus tard, la France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l’Allemagne. 

Pour Freedman, il était important de faire sa part en s’opposant directement à la menace nazie. En 1939, à partir de la Grande-Bretagne, elle décida de s’enrôler avec le London Auxiliary Ambulance Service pour devenir conductrice. Conduire des ambulances n’était évidemment pas facile ! À partir de 1940, l’Allemagne nazie entreprend son siège de l’île de Bretagne – c’est le fameux « blitz ». Freedman avait ainsi comme responsabilité d’amener les personnes blessées après les bombardements ennemis. Toutefois, en étant aussi proche des lieux de bombardement, elle était elle-même à risque de se blesser gravement !

Elle continua son service jusqu’au 10 mai 1941, où elle dû retourner au Canada. Les raisons de son départ sont nébuleuses, mais selon l’auteure Ellin Bessner, Freedman serait tombée enceinte d’un officier britannique déjà marié. Ne voulant pas décevoir sa famille, elle serait retournée au Canada pour accoucher et aurait mis le bébé en adoption.

À droite : Édition du 20 septembre 1946 du Montreal Gazette (source : ProQuest via BaNQ).

Des membres du London Auxiliary Ambulance Service font un exercice à Fullham, en 1942 (source : Imperial War Museums/Wiki Commons).

Son service militaire avec le Canada

En 1943, Freedman retourna en Grande-Bretagne et s’enrôla avec le Service féminin de l’Armée canadienne où elle continua son travail de conductrice. Cette fois-ci, son rôle était de conduire des officiels de l’armée et du gouvernement jusqu’au port de Londres, une responsabilité  probablement beaucoup plus sécuritaire qu’être ambulancière !

Freedman devint l’une des rares femmes canadiennes à être déployée en Normandie, en 1944. Deux mois après le débarquement, alors que les combats pour la libération de la France faisaient encore rage, Freedman est envoyée comme conductrice pour les officiers. Toutefois, rendue là-bas, elle se fait remarquer pour ses talents d’interprète. En effet, Freedman savait parler l’Anglais, le Français, le Flamand, l’Allemand et le Néerlandais. Elle avait comme nouvelle tâche de faire la traduction pour les prisonniers de guerre, ou les civils locaux, et l’armée canadienne. Freedman suit ainsi celle-ci en France, en Belgique et en Allemagne jusqu’à la fin de la guerre.

Très peu de choses sont connues sur son service sur le continent ; apparemment, elle parla très peu de sa vie militaire après la guerre. Nous savons néanmoins qu’elle aurait survécu à un tir de roquette V2 à Antwerp, signe qu’elle restait exposée aux combats. De même, elle semblait avoir été mobilisée dans différents événements organisés par l’armée canadienne. Le 17 décembre 1944, aux Pays-Bas, elle fut notamment prise en photo en train de donner un cadeau à une jeune fille durant les célébrations de Hanukkah.

Miriam Freedman durant une célébration d’Hanukkah, aux Pays-Bas (source : Bibliothèque et Archives Canada).

Une femme en mission

Au total, Freedman a passé 6 ans et 8 mois en uniforme avec l’armée britannique et l’armée canadienne. En plus de son long service, elle fut récompensée en obtenant la Médaille de la bravoure ; l’une des rares récompenses pour une femme canadienne dans l’armée ! Après la guerre, Freedman se marie avec son cousin Bill Hart, lui-même un vétéran, et déménage à Long Island.

Tel que mentionné plus haut, Freedman ne parla très peu de son service militaire à ses proches. Un signe toutefois que la guerre fit ses marques : elle conduisait apparemment comme une maniaque, comme elle devait le faire à Londres durant le blitz !

Article rédigé par Julien Lehoux pour Je Me Souviens.

Sources :

Depuis plusieurs années, l’historienne Ellin Bessner recherche et compile des histoires de personnes juives ayant participé dans l’armée canadienne. Vous pouvez trouver le résultat de son travail sur son site web. Cet article, toutefois, fut inspiré par son article :

Et son livre :


Cet article fut publié dans le cadre de notre exposition sur le Jour J : Quand le jour se lève. Consulter notre exposition pour en apprendre davantage sur l’histoire des Canadiens débarqués en Normandie !