HONG KONG AU CENTRE DE LA GUERRE

LE JAPON CONQUÉRANT

Comme l’Allemagne et l’Italie, le Japon se tourne vers l’expansion territoriale après la Première Guerre mondiale. S’il prétend vouloir libérer l’Asie des colonisateurs blancs et former une sphère de « coprospérité asiatique », il cherchera, en réalité, surtout à former son propre empire colonial.

Après avoir annexé plusieurs îles autour de l’archipel japonais, l’armée se tourne vers le continent : elle s’empare d’abord de la Mandchourie et, ensuite, de la Chine. En 1940, alors que la France est occupée par l’Allemagne, le Japon attaque l’Indochine française. Pour les États-Unis, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, qui occupent tous des territoires importants en Asie, c’est le signe ultime que le Japon est une véritable menace pour eux.

Ces craintes se concrétisent le 8 décembre 1941 alors que l’armée japonaise attaque par surprise l’île de Pearl Harbor. Elle coordonne, en même temps, plusieurs attaques sur les territoires occidentaux : aux Philippines, en Malaisie, à Guam et, finalement, à Hong Kong.

Un article de journal publié le 13 juillet 1940 prédisant que le Japon vise à attaquer la Borneo et Hong Kong (source : Daily Herald).

LES CONFLITS JAPONAIS

Parade menée par l’armée japonaise à Hong Kong après leur victoire, 1941 (source : Hong Kong Museum of History).

HONG KONG VULNÉRABLE

La région de Hong Kong a été cédée à la Grande-Bretagne par l’Empire chinois des Qing (1636-1912) à la suite des guerres d’opium au milieu du 19e siècle. Il s’agit d’un petit territoire qui comprend l’île de Hong Kong, la péninsule de Kowloon et les Nouveaux Territoires. La grande majorité des habitants sont chinois, mais c’est une petite classe privilégiée d’origine occidentale qui régit les affaires de la région.

Avec l’attitude agressive du Japon, Hong Kong devient directement menacée au courant des années 1940. Hong Kong est jugée, par les Britanniques, comme étant largement indéfendable et c’est pour cette raison que des renforts sont appelés.

Les Canadiens arrivent à Hong Kong le 16 novembre 1941 devant une foule enthousiaste qui croit, à tort, que leur arrivée renforce efficacement la colonie. Ils passeront les trois prochaines semaines à s’entraîner et à profiter des plaisirs qu’offre la colonie : barbier, cirage de chaussures, restaurants et même des tatouages ! En somme, peu de personnes prennent au sérieux une attaque japonaise.

Une vue de l’est de Hong Kong prise du NCSM Prince Robert, 19 novembre 1941 (source : Bibliothèque et Archives Canada, PA-114809).
Source : David Bellis, Gwulo.com.

Au-dessus : Prise le 1er mai 1933, cette photo présente une rue marchande très animée à Hong Kong.

À droite : La rue Pottinger et ses longs escaliers pour les piétons, prise quelque part dans les années 1930. À noter, à droite, la petite installation en papier qui sert à célébrer la Fête du double neuf et à honorer ses ancêtres.

Source : David Bellis, Gwulo.com.

LA STRATÉGIE DES ALLIÉS

Les Européens vivant à Hong Kong étaient peu conscients de la menace japonaise qui pesait sur la colonie. Effectivement, pour eux, la guerre était en Europe. De plus, plusieurs des officiers stationnés étaient confiants quant aux capacités défensives de la colonie. En effet, ils étaient persuadés que toute attaque ennemie viendrait du côté de la mer. En conséquence, ils placèrent la majorité de leurs ressources militaires de ce côté. Du côté terrestre, l’île de Hong Kong et la péninsule de Kowloon étaient protégées par la Gin Drinker’s Line : une ligne défensive regroupant des bunkers, des nids de mitrailleuses et des postes d’artillerie. Cependant, plusieurs officiers avaient l’idée saugrenue que les Japonais étaient incapables de voir la nuit du fait de leurs yeux bridés et qu’ils ne tenteraient ainsi aucune attaque terrestre.

LES FORCES DÉFENSIVES

Il n’y avait pas que des Canadiens qui défendirent Hong Kong durant la bataille. Les Alliés étaient environ d’environ 14 500 en tout et comprenaient deux bataillons britanniques (le 2nd Bn the Royal Scots et le 1st Bn the Middlesex Regiment), deux bataillons indiens (le 5/7 th des régiments Rajput et le 2/14 th des régiments Punjab), quatre régiments d’artillerie. Se trouvaient aussi plusieurs milliers de Britanniques, de natifs hongkongais et de Chinois qui s’engagèrent au sein de la Hong Kong Volunteer Defense Force pour épauler les Alliés.

À ceux-là, se trouvent aussi plusieurs troupes chinoises commandées par l’amiral Chan Chak de la marine du Guomindang. Ce dernier fut instrumental à contrer les actions de plusieurs milices de triades engagées par les troupes japonaises pour saboter les manœuvres des défenseurs durant la bataille.

Arrivée des soldats du Royal Rifles of Canada et du Winipeg Grenadiers à Hong Kong, le 16 novembre 1941 (source : Collection d’archives George-Metcalf, Musée canadien de la guerre).

LE CANADA ENTRE EN GUERRE

En septembre 1941, la Grande-Bretagne croit que l’envoi de renforts est nécessaire pour défendre Hong Kong. Dans le meilleur scénario, les Japonais auront trop peur d’attaquer la colonie. Dans le pire, les renforts tiendront le plus longtemps possible de sorte à protéger Singapour, un point stratégique primordial. Londres se fait peu d’illusions : la colonie est largement indéfendable et les renforts ne changeront pas la donne. L’idée est ainsi de dissuader les Japonais.

Londres demande au gouvernement canadien d’envoyer deux bataillons à Hong Kong pour une mission « sans risque militaire ». La demande est acceptée. Le Canada sélectionne les Royal Rifles of Canada et les Winnipeg Grenadiers pour être envoyés dans la colonie. Ensemble, ils constitueront la Force C. Cependant, les deux régiments sont très peu entraînés et n’ont jamais vu de combat.

Des soldats canadiens s’entraînent sur l’île de Hong Kong, 1941 (source : Imperial War Museum, KF 189).

LES ROYAL RIFLES OF CANADA

Mobilisés en juillet 1940, ils proviennent principalement de la région de Québec et des Cantons de l’Est ; environ 40 % du régiment est ainsi composé de francophones bilingues. En octobre 1941, ils montent dans un train à Québec et, à leur grande surprise, se dirigent vers l’ouest. À ce moment, ils n’ont aucune idée où ils iront (source : Bibliothèque et Archives Canada/RG24).

LES WINNIPEG GRENADIERS

Fondés au Manitoba, ils s’entraînent en vue des combats en Europe, mais ne sont d’abord pas mobilisés. Après une première mission en Jamaïque, le régiment est rappelé au Canada où il est conduit vers sa prochaine tâche. Avec les Royal Rifles, les Winnipeg Grenadiers quittent Vancouver le 27 octobre (source : Tim Cook, The Necessary War: Canadians Fighting the Second World War, 2015).

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