Cet article fut publié dans le cadre de notre exposition sur le raid de Dieppe : Courage dans le chaos.
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Le raid de Dieppe a été un désastre complet sur le plan opérationnel. En revanche, ce n’est pas dire que les hommes impliqués n’ont pas fait preuve d’énormément de courage durant l’opération. Pour souligner les nombreux actes de bravoure au cours du raid, trois hommes reçurent des croix de Victoria, le plus grand honneur donné par le Commonwealth : l’écossais Patrick Porteous et les Canadiens John Foote et Charles C. Merritt. Et concernant une tragédie comme le raid de Dieppe, ce sont les gestes de ce dernier qui ont capturé l’attention des récits militaires.
Charles C. Merritt est né le 10 novembre 1908 à Vancouver. Graduant du collège militaire royal du Canada en 1925, Merritt s’enrôle ensuite dans le régiment de réserve des Seaforth Highlanders of Canada. Valsant d’un rôle à un autre, Merritt est ensuite promu en tant que Major et est envoyé en Grande-Bretagne en décembre 1939. En mars 1942, il devient le commandant du South Saskatchewan Regiment et sa troupe et lui est envoyé à l’île de Wight pour s’entraîner en vue de l’opération Jubilee.
À Dieppe
Lors du raid de Dieppe, le South Saskatchewan Regiment accompagna le Queen’s Own Cameron Highlanders sur la plage verte. Là-bas, leur objectif était de couper les forces allemandes à Dieppe en capturant l’aérodrome de Saint-Aubin, aux abords de la rivière Scie. Cependant, dû à diverses complications, les navires de débarquement se rendirent du mauvais côté de la rivière. Cela compliqua grandement le déploiement des troupes. Les hommes devaient donc se rendre au village avoisinant de Pourville et utiliser le seul pont là-bas pour traverser la rivière et mener à bien leurs objectifs. Toutefois, pour compliquer la chose, l’élément de surprise fut perdu et les Allemands détectèrent les attaquants.
Les tirs de mitrailleuses fusèrent immédiatement sur les soldats débarqués et les pertes s’accumulèrent rapidement. Complètement immobilisés par les tirs, les hommes n’osèrent pas traverser le point. C’est alors que Merritt leva son casque en l’air et s’écria « Come on over! There’s nothing to worry about here! », avant de traverser le pont avec un groupe de ses hommes. Pour accentuer son point, Merritt répéta l’opération avec pas moins de quatre allers-retours, amenant toujours avec lui des soldats de plus en plus de soldats inspirés. Les actes de Merritt ne furent pas sans effet : ayant réussi à traverser la rivière, les soldats alliés sécurisèrent ensuite le village pour un certain temps, avant l’arrivée de renforts allemands. À ce moment-ci du raid, cependant, l’opération était déjà perdue d’avance. Les hommes n’eurent donc pas le choix de se retirer sur la plage en espérant pouvoir regagner les navires. Pour Merritt et ses hommes, malheureusement, ce ne fut pas le cas.
Après l’opération manquée, Merritt et ses hommes sont capturés par les soldats allemands et transférés au camp de prisonniers de guerre de Oflag VII-B. Merritt parla très peu de cette période de sa vie, en argumentant que « My war lasted six hours. There are plenty of Canadians who went all the way from the landings in Sicily to the very end ». Merritt tenta tout de même de s’évader avec 64 autres prisonniers en début juin 1943, mais il fut malheureusement recapturé par les gardes allemands peu de temps après. Ce n’est seulement qu’à la fin de la guerre qu’il put être libéré.
Sa carrière après
C’est le 2 octobre 1942, alors que Merritt était emprisonné, que les médias annoncent qu’il recevrait une Croix de Victoria pour ses actions à Pourville. C’est des années plus tard, à sa libération, que la médaille lui fut officiellement donnée en main propre.
Après avoir été libéré, Merritt retourna dans la grande région de Vancouver et fut élu comme député pour le Parti progressiste-conservateur du Canada de 1945 à 1949. Reprenant une carrière d’avocat déjà entamé avant la guerre, Merritt restera tout de même impliqué au sein de l’armée canadienne en devenant le commandant des Seaforth Highlanders of Canada jusqu’en 1954. Il décéda finalement le 12 juillet 2000, à l’âge de 91 ans.
Article rédigé par Julien Lehoux pour Je Me Souviens.
Sources :
- « 1866 Lieutenant-colonel Charles Cecil Ingersoll Merritt, VC, ED », Gouvernement du Québec/Government of Quebec.
- « Charles Cecil Merritt, VC », L’encyclopédie canadienne/The Canadian encyclopedia.
- « Charles C. I. Merritt, Canadian War Hero, Dies at 91 », New York Times (en anglais).
- « Charles Cecil Ingersoll Merritt », Gouvernement du Québec/Government of Quebec.
- « Heroes of Dieppe Disaster – 3 Victoria Crosses in 9 Hours », War History Online (en anglais).