Cet article fut publié dans le cadre de notre exposition sur le raid de Dieppe : Courage dans le chaos.
Consulter notre exposition pour en apprendre davantage sur le sacrifice des soldats canadiens envoyés attaqué les plages de Dieppe !
Comme mentionné dans notre article précédent, les militaires canadiens sont soumis à un entraînement difficile dès leurs arrivées sur les îles britanniques en décembre 1939. Outre l’entraînement, seulement, les soldats canadiens devaient aussi passer le temps. Que ce soit en se divertissant de quelconque façon ou en trouvant des façons de passer l’ennui dans les camps d’entraînement, tout était bon pour eux.
Se divertir
Heureusement pour les Canadiens en garnison, les camps sont souvent établis aux alentours des grandes villes britanniques. Londres, par exemple, est une destination régulière pour les soldats des environs, même si l’armée leur interdisait de s’y rendre du fait des nombreuses attaques allemandes. La capitale britannique reste tout de même une attraction intéressante pour les hommes qui peuvent se promener dans ces rues animées.
Outre se promener en ville, les hommes se rendent souvent au cinéma le plus proche pour regarder les derniers films. De sorte à divertir les soldats, plusieurs cinémas et salles de théâtre sont aussi installés dans les camps. André Vennat, des Fusiliers Mont-Royal, décrit ainsi qu’il allait « aux vues » environ deux fois par semaine vu qu’il y avait deux salles de théâtre proche de lui.
Naturellement, les soldats fraternisent avec les civils britanniques. Le soldat Jacques Nadeau, lui aussi faisant partie des Fusiliers Mont-Royal, raconte ainsi avoir appris l’anglais chez une famille habitant les environs de son camp. Plusieurs rencontres entre les soldats et des femmes (militaires ou civils) britanniques sont aussi organisées. Par exemple, à Sutton, une « Montreal House » organise plusieurs soirées d’activités et de rencontres entre les soldats du Royal Montreal Regiment et des femmes locales. Les fiançailles et les mariages sont alors fréquents pour ces jeunes gens. Jacques Nadeau, encore une fois, affirme ainsi qu’il s’est fiancé deux fois durant son temps de garnison : « Nous étions fiancés avec une fille à partir du moment où l’on sortait plus d’une fois avec elle. Cela décrivait autant une relation avec une amie stable, qu’une relation avec une personne que nous espérions épouser. » (Martin Chaput, Dieppe, ma prison. Récit de guerre de Jacques Nadeau, Montréal, Athéna Éditions, 2008, pp. 38-39).
S’ennuyer
Naturellement, la vie de garnison peut aussi être très monotone pour les soldats. En dehors de l’entraînement et des petites distractions, l’ennui est omniprésent. Comme mentionné, les premiers militaires canadiens se rendent en Grande-Bretagne en 1939 et il leur faut attendre presque deux ans avant l’opération Jubilee. C’est ainsi presque deux ans d’attentes pour des soldats friands de voir de l’action — une période qui peut être jugée comme étant interminable.
Pour plusieurs soldats, le travail est une bonne façon de faire passer le temps. Jacques Nadeau énonce ainsi qu’un ami et lui ont accepté un travail dans un chantier qui devait durer plusieurs mois seulement pour avoir une occasion de sortir du camp. Dans les lettres envoyées à sa femme (et compilées par son fils Pierre Vennat), le militaire André Vennat décrit longuement son ennui en garnison. Selon lui, ses journées sont longues et les quelques divertissements à sa disposition sont peu attrayants. Seules les différentes tâches qu’on lui confie et les cours qu’il peut suivre lui permettent de combler l’ennui. Comme il l’exprima à sa femme, dans une lettre : « Le point le plus important, c’est que j’aie quelque chose pour m’occuper et c’est tant mieux, car parfois je m’ennuie tellement, que j’en perds le goût de tout. » (Pierre Vennat, Dieppe n’aurait pas dû avoir lieu, Montréal, Éditions du Méridien, 1991, p. 116).
Comme le sous-impliquent les nombreuses lettres d’André Vennat à sa femme, la communication avec le pays est particulièrement importante pour les soldats en garnison. Lorsqu’ils avaient le temps, les soldats écrivent plusieurs lettres pour leurs familles et leurs amis au Canada. La communication n’était pas comme aujourd’hui et cela pouvait prendre plusieurs jours avant que les soldats puissent recevoir des lettres de leurs êtres chères. De fait, il n’y avait pas plus grande joie pour eux que de recevoir des réponses.
Conclusion
En sommes, les journées en Grande-Bretagne peuvent être très longues pour ces hommes en attentes d’action. Trouver des façons de se divertir est ainsi autant important pour eux considérant que leur entraînement fut rigoureux. Sinon, l’ennui est une punition terrible pour n’importe quel militaire avec trop de temps pour lui-même.
Photo de couverture : Des couples récemment mariés en Grande-Bretagne sont sur le chemin de retour vers Montréal (source : collection du musée du Royal Montreal Regiment).
Article rédigé par Julien Lehoux pour Je Me Souviens. Cet article est la deuxième partie d’une série de deux articles sur la vie de garnison des troupes canadiennes en Grande-Bretagne. Pour lire la première partie sur l’entraînement des troupes en stationnement, vous pouvez cliquer sur le lien ici.
Sources :
Pour cet article, nous vous recommandons surtout de lire les livres de Martin Chaput et d’André Vernat, plusieurs fois cités en référence ici, pour en apprendre plus sur la vie de garnison en Grande-Bretagne :
- Martin Chaput, Dieppe, ma prison. Récit de guerre de Jacques Nadeau, Montréal, Athéna Éditions, 2008, 140 p.
- Pierre Vennat, Dieppe n’aurait pas dû avoir lieu, Montréal, Éditions du Méridien, 1991, 199 p.
Le musée du Royal Montreal Regiment a aussi plusieurs photos en ligne montrant le quotidien des soldats là-bas et provenant de sa collection qui peuvent être consultées sur ce lien.