Infirmière-major Margaret Fraser

L’infirmière-major Margaret Fraser est l’une des nombreuses infirmières militaires ayant sacrifié leur vie au cours de la Première Guerre mondiale.

L’infirmière-major Margaret Fraser, originaire de New Glasgow, en Nouvelle-Écosse, est l’une des infirmières militaires qui étaient à bord du navire hospitalier canadien HMHS Llandovery Castle lorsque celui-ci fut torpillé et coulé par le sous-marin allemand U-86, le 27 juin 1918. La perte du Llandovery et de 234 personnes à bord aurait déjà suffi à faire prendre les armes à bien des Canadiens, mais quand on découvrit que l’U-86 avait utilisé son artillerie pour abattre les rescapés dans les derniers bateaux de sauvetage, la tragédie devint un véritable cri de ralliement pour les troupes canadiennes.

L’infirmière-major Margaret Marjory Fraser, surnommée « Pearl » par bon nombre de ses pairs, était la fille du lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse de l’époque. Dans les deux mois suivant le début de la Première Guerre mondiale, Fraser, 30 ans, s’enrôla dans le Corps médical de l’armée canadienne (le 28 septembre 1914) et commença à servir en Angleterre avant d’être affectée en France dans le 2e hôpital militaire fixe canadien (avant la fin octobre).

The ‘Llandovery Castle’ Lifeboat Murders : représentation artistique des événements suivant le naufrage du navire hospitalier (source : Imperial War Museum).

Quelques faits intéressants sur le 2e hôpital militaire fixe canadien : c’était la première unité canadienne à fonctionner en France (avant même l’arrivée du régiment d’infanterie Princess Patricia’s Canadian Light Infantry), et ses membres reçurent l’Étoile de 1914, ou Étoile de Mons, pour souligner leur service à cet égard. Par ailleurs, l’hôpital était situé au Touquet, près d’Ypres, et servit à traiter les soldats canadiens blessés lors de la bataille d’avril 1915, pendant laquelle l’ennemi avait utilisé pour la première fois du gaz toxique (du chlore, lors de la deuxième bataille d’Ypres).

Vers le milieu de la guerre, la capacité de Fraser à remplir non seulement son rôle d’infirmière, mais aussi son rôle de leader, fut reconnue par ses supérieurs, ce qui lui permit d’être mutée en juillet 1917 au Red Cross Special Hospital de King, en Angleterre, et promue au rang d’infirmière-major – un titre qu’elle conserva même après son assignation au HMCS Llandovery Castle en mars 1918. Le titre « infirmière-major » est un terme emprunté au système britannique, qui attribuait des grades aux infirmières. Il était à peu près équivalent au rang de major dans les forces armées. Une infirmière-major est considérée comme l’infirmière en chef, ou la responsable du personnel infirmier. Autrement dit, c’est l’infirmière-major Fraser qui était la patronne.

La séquence des événements de ce jour fatidique de juin 1918

Le Llandovery Castle retournait en Angleterre après avoir déposé des centaines de soldats blessés à Halifax, quand il fut torpillé par le sous-marin allemand U-86. Le navire hospitalier coulait rapidement, mais certains des membres de l’équipage réussirent à monter à bord de bateaux de sauvetage. L’infirmière-major Fraser était l’une d’eux, mais son bateau, comme la plupart des autres, fut entraîné dans le tourbillon créé par l’engloutissement du navire. Dans ses derniers instants, elle demanda à l’homme assis à ses côtés, le sergent Arthur Knight, qui survécut aux événements et put en raconter le déroulement : « Sergent, croyez-vous qu’il y a de l’espoir pour nous? ». Le sergent Knight répondit que non. Plus tard, il écrivit dans son journal que la dernière chose qu’il vit de l’infirmière Fraser, c’est son corps projeté par-dessus bord au moment où le bateau entra dans le tourbillon.

Sur les 239 personnes qui étaient à bord du navire, seules 5 survécurent.

Le HMHS Llandovery Castle et (en médaillon) l’infirmière-major Margaret Marjory « Pearl » Fraser (source : Les Archives de la Nouvelle-Écosse).

Conclusion

Souvent, on pense aux soldats ayant directement combattu au front et à la souffrance qu’ils ont dû subir, mais nous ne devons jamais oublier les dizaines et les centaines de milliers de personnes qui ont servi dans l’ombre. Celles-ci ont elles aussi subi les conséquences de la guerre et en ont été profondément marquées. Les infirmières n’étaient peut-être pas au front, mais elles étaient presque toujours en service. La part qu’elles ont jouée n’était vraiment pas de tout repos. À mesure qu’elles étaient exposées à la tragédie de la guerre, beaucoup ont commencé à « avoir des dépressions nerveuses […], à finir leur quart de travail en larmes, à souffrir de pénibles insomnies – ce qu’on appellerait aujourd’hui, de toute évidence, un trouble de stress post-traumatique » (photo : Stephanie Martin). Nous devons nous souvenir à jamais que les infirmières militaires canadiennes ont joué un rôle déterminant au cours de la Première Guerre mondiale. Parmi les quelque 3 000 qui ont servi, 61 ont péri.

L’infirmière-major Margaret Fraser est enterrée au monument commémoratif d’Halifax au parc Point Pleasant, à Halifax, en Nouvelle-Écosse. Son plus jeune frère, James, est mort au combat quelques mois seulement avant le naufrage du Llandovery, et pourtant, l’infirmière-major n’a pas abandonné. Elle a persévéré jusqu’à la toute fin. Son autre frère, Alistair, a survécu à la guerre et a suivi les traces de leur père en devenant lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse pour un temps dans les années 1950.

Photo de couverture : Infirmière-major Margaret Marjory « Pearl » Fraser (source : FWW Veterans of Guysborough County).

Réimprimé ici avec l’autorisation de Valour Canada dans le cadre d’une collaboration entre JMS et Valour Canada. Pour voir d’autres articles comme celui-ci, consultez leur bibliothèque d’histoire militaire (en anglais seulement).

Pour en savoir plus :

Pour lire toute l’histoire sur la destruction du Llandovery Castle, vous pouvez vous rendre sur la page « The Case of Llandovery Castle: Was Justice Served? » (en anglais) du site Web de Valour Canada. Notre exposition virtuelle Prendre soin : Aux origines de la profession d’infirmière militaire a aussi une section très complète sur cette tragédie ici.