Qu’est-ce que les soldats transportèrent au raid de Dieppe ?

Cet article fut publié dans le cadre de notre exposition sur le raid de Dieppe : Courage dans le chaos.
Consulter notre exposition pour en apprendre davantage sur le sacrifice des soldats canadiens envoyés attaqué les plages de Dieppe !

Le raid de Dieppe était une opération particulière et les soldats devaient bien s’équiper en conséquence ! Qu’est-ce qu’ils transportèrent au raid de Dieppe ? Ce court article vise à explorer ce que les soldats et les membres des commandos amenèrent avec eux sur la plage. En plus d’armes et de munitions, nous retrouvons aussi beaucoup d’équipements divers et d’objets du quotidien que les hommes tenaient à amener, pour une raison ou une autre.

Équipement de combats

À partir de 1937, les pays du Commonwealth adoptent un nouveau système de havresac en toile kaki, pour le transport d’équipement des troupes d’infanterie. Ces nouvelles sangles, plus modernes et mieux adaptées à la guerre, sont d’abord utilisées par l’armée britannique, mais elles sont ensuite rapidement distribuées dans l’ensemble des armées du Commonwealth. Ainsi, lorsque les premières troupes canadiennes se rendent en garnison en Grande-Bretagne, ils reçoivent tous ces havresacs en vue de leurs entraînements.

Naturellement, chaque homme des unités d’infanterie se fait fournir l’un des fusils standards de l’armée canadienne : une carabine Lee-Enfield ou une mitrailleuse Bren. En plus de leur fusil et des munitions, chaque soldat devait aussi transporter différentes pièces d’équipement qui pourraient être utiles en situation de combat : son entrenching tool (une sorte de petite pelle), un masque et une cape anti-gaz, une boussole, un tapis de sol en plus de sa gamelle et sa gourde. Outre ces objets, les soldats sont aussi parfois libres d’amener tout l’armement dont ils pensaient avoir besoin avant une large opération. Ainsi, en vue du raid de Dieppe, les soldats canadiens furent invités à prendre ce qu’ils voulaient parmi une pile d’armes et de munitions. Comme le décrit le soldat Jacques Nadeau, des Fusiliers Mont-Royal :

Un sac d’équipement avec les différents objets qu’un soldat pouvait transporter (source : Milsurps.com, collection personnelle).

« Après le souper, le colonel nous a amenés un peu à l’écart où une toile recouvrait un gros amoncellement. Il l’a fait retirer : un énorme tas d’armes et de munitions s’y trouvait. Il nous a invités à nous servir, de prendre en surplus ce que l’on voulait.

[…]

Pendant tout ce temps, les gars s’étaient servis dans le tas de munitions et il ne restait plus rien pour moi. Il y en avait même un qui marchait difficilement tant il avait de grenades et de balles en bandoulière. Je lui ai donc pris cinquante balles et une demi-douzaine de grenades, tandis qu’un autre me donnait un chargeur. Je partais donc à l’assaut de la plage avec 61 balles. » (Martin Chaput, Dieppe, ma prison. Récit de guerre de Jacques Nadeau, Montréal, Athéna Éditions, 2008, pp. 51-52).

À gauche : Les soldats de Lord Simon Lovat, du Commando no. 4, de retour du raid de Dieppe. C’est le seul commando qui réussit son objectif durant l’assaut terrible sur les plages (source : Bibliothèque et Archives Canada).

À droite : Un soldat canadien, blessé durant l’opération Jubilee, est évacué par des camarades à bord d’un Destroyer (source : Bibliothèque et Archives Canada).

Équipement personnel

Naturellement, les soldats envoyés au combat amenaient beaucoup d’effets personnels. Pour eux, ces objets étaient aussi importants que leurs stocks de combats. Il était ainsi très courant de retrouver parmi l’équipement d’un soldat ses lettres, ses médailles, ses cartes, ses cigarettes ou de la nourriture pour le chemin. Le Lieutenant-Colonel Labatt du Royal Hamilton Light Infantry énumère ainsi ce qu’il transporta :

« Sangle en toile, Colt .45, deux chargeurs supplémentaires, une bouteille d’eau, une boussole prismatique, des cartes en soie huilée et un carnet de messages dans la poche gauche ; crayons, stylo, lampe de poche, cigarettes, chocolat, portefeuille et kit d’évacuation dans les poches de poitrine. Dans le havresac, des sandwiches, encore du chocolat et des cigarettes, des carnets de messages, des chargeurs Sten, deux grenades n° 36 et une cartouche de fumée. Jumelles autour du cou, Mae West[1] autour de la poitrine, mitraillettes Sten à la main et voilà, j’étais le soldat amphibie de 1942. » (Mark Zuehlke, Tragedy at Dieppe: Operation Jubilee, August 19, 1942, Vancouver, Douglas & McIntyre, 2012, p. 202). (traduction libre)

En bref, les soldats transportèrent énormément d’équipements et d’objets personnels durant les combats. Un fait un peu ironique considérant que le nouveau modèle de 1937 du havresac devait permettre aux hommes d’être plus mobiles ! Avec tout ce stock, il n’est donc pas étonnant que l’entraînement des soldats en Grande-Bretagne fût très rigoureux.

[1] Le Mae West était un gilet de sauvetage gonflable que les membres du personnel de la marine utilisaient. Étant donné que l’opération Jubilee était menée par bateau, tous les soldats et tous les membres des commandos étaient équipés de ces gilets.

Photo de couverture : Des officiers du Royal Montreal Regiment, en uniforme et en tenu de combat complet, attendent une délégation américaine (source : collection du musée du Royal Montreal Regiment).

Article rédigé par Julien Lehoux pour Je Me Souviens.

Sources :