En effet, à l’époque, les photos et films tournés pour l’armée n’étaient pas exhaustifs : les photographes ne filmaient ni les manœuvres ni les champs de bataille, ce qui donnait de très courts extraits filmés, presque inexploitables. L’armée canadienne exprime alors son souhait de disposer de films et photographies de meilleure qualité, notamment en filmant l’utilisation de certaines armes à des fins d’instruction ou pour illustrer la vie dans l’armée, à des fins de communication avec les Canadiens pour « soutenir le moral de la population et stimuler le recrutement » ou encore servir d’archives historiques, entre autres choses. Toutefois, on ne pouvait confier cette mission à une entreprise issue du milieu civil, il fallait donc créer une nouvelle unité, la CAFU.
Écusson brodé de la CAFU.
Caméra 35mm, modèle Eyemo 71 de la marque Bell & Howell.
L’objectif de Grierson est que les photographes puissent être rattachés à un régiment et les suivre sur le champ de bataille, ils suivent donc l’entraînement de l’infanterie du Corps expéditionnaire. Lors des combats, ils étaient briefés d’avance, puis allaient se positionner à proximité du champ de bataille équipés d’une caméra Bell & Howell Eyemo 35mm, d’un trépied et de 900 à 3000 pieds de pellicule, ce qui permettait de filmer 30 à 90 minutes. Ils portaient les rouleaux de pellicule de la même façon que les autres soldats portaient des munitions.
L’une des productions bien connues de la CAFU est la Canadian Army Newsreel qui était un film d’une dizaine de minutes qui sortait le 15 de chaque mois et présentait aux troupes des nouvelles sur des évènements sportifs, parades, commémorations, entraînements et actions hors-combat. Lorsque l’Armée canadienne entame sa participation à la guerre, des images des combats.
→ Vidéo en anglais du Canadian Army Newsreel no. 23 (1943)
Sgt. Karen Hermiston avec l’appareil-photo de presse Speed Graphic 4 x 5, surnommé « Old Reliable » (« le bon vieux appareil sur lequel on peut compter »), était vastement utilisé. Certains photographes ne juraient que par lui, tandis que d’autres le détestaient. Cet appareil-photo était très performant pourvu que le sujet soit relativement immobile et que les conditions soient stables (source : Bibliothèque et Archives Canada).
Sgt Karen Hermiston pendant les célébrations du Jour de la Victoire à Piccadilly Circus, Angleterre. 10 août 1945. Photographie par Arthur L. Cole (source : Bibliothèque et Archives Canada, Mikan 3211847).
Au début, seuls quatre hommes constituent l’unité, mais rapidement leur nombre va augmenter et intégrera la seule femme photographe de l’Armée canadienne : la sergente Karen Hermiston, surnommée Hermie.
Après s’être enrôlée en 1941 dans le Service féminin de l’Armée canadienne (CWAC), Hermie s’est souvent fait dire « qu’il y avait des choses que les filles ne pouvaient pas faire », en vain : elle les faisait quand même.
Lors de son service à l’étranger, Hermie a notamment couvert le rapatriement des victimes à Swindon en Angleterre, est entrée dans des salles d’opération, a photographié des tombes pour la Commonwealth War Graves Commission et a voyagé à travers l’Europe pour documenter les activités de ses consœurs du CWAC. La menue photographe de 5 pi. 2 po. a gagné le respect de ses camarades masculins en plus de remettre en question les stéréotypes de genre.
Quelques photos prises par Karen Hermiston
Membres du 1er contingent du Canadian Women’s Army Corps (CWAC) à Hamm, Allemagne. 12 juin 1945. De gauche à droite : Sgte. Jane Shaddock, soldat Martin MacPherson et soldate Polly Pollyblank (source : Bibliothèque et Archives Canada, Mikan 3396484).
Personnel du convoi ambulancier de la Croix-Rouge canadienne. Charlton Park, Angleterre. 7 janvier 1945. De gauche à droite : Peggy Leigh, Patti Spence, Mme Kathryn Copeman, Coralie Field, Mary Price et Mme K. Hamilton Jackson, Comandate (source : Bibliothèque et Archives Canada, Mikan : 3203404).
Étudiants de la Khaki University of Canada réveillant l’élève R.C. Rutherford pour être à l’heure en cours à Leavesden, Angleterre le 15 avril 1946. De gauche à droite : R.C. Rutherford, G.T. Cocksedge et M.J. Franklin (source : Bibliothèque et Archives Canada, Mikan 3518854).
Article adapté et enrichi par Julie Rose. Article original par Valour Canada, dans le cadre d’une collaboration entre JMS et Valour Canada. Pour voir d’autres articles comme celui-ci, consultez leur bibliothèque d’histoire militaire (en anglais seulement).
Pour en savoir plus :
- Pour en savoir plus sur cette sergente révolutionnaire, consultez « Meet Sgt. Karen Hermeston [sic] » (en anglais).
- Pour en savoir plus sur la CAFU, consultez l’article scientifique « Shooting the War: The Canadian Army Film Unit in the Second World War » (en anglais), par Sarah Klotz qui travaille pour Bibliothèques et Archives Canada.